En couverture

Vues d’Afrique 2

3 mai 2014

CONSTATS
Texte : Luc Chaput

À Montréal se tient la dernière fin de semaine du 30e festival Vues d’Afrique marquée entre autres par les présentations d’Assistance mortelle, remarquable documentaire de Raoul Peck où ce cinéaste revient dans on pays d’origine pour documenter pendant deux ans les efforts de reconstruction après le tremblement de terre dévastateur du 12 janvier 2010.

La mise sur pied d’une instance la Commission intérimaire pour la reconstruction de Haïti (CIRH) qui prend la plupart des décisions réduisant encore plus l’influence du gouvernement national sur les affaires du pays. La mauvaise coordination entre les divers organismes et leurs actions est décrite dans de multiples exemples qui montrent que, si une action est nécessaire mais pas photogénique, elle risque de ne pas recevoir les fonds nécessaires car le pays donateur n’aura pas l’impression d’en avoir eu assez pour sa contribution. Le cinéaste, connu par ailleurs pour L’Homme sur les quais ou Lumumba,a pu ainsi interviewer plusieurs intervenants ou personnalités haïtiennes ou internationales et la restructuration nécessaire des pratiques dans le domaine de l’aide au développement semble criante après la vision de ce dossier cinématographiquement fouillé.

Dans le domaine de la fiction, Soleils d’Olivier Delahaye et Dani Kouyaté est un conte initiatique tourné dans le mode d’un road movie où un griot, portant le prénom de Sotigui, hommage à Sotigui Kouyaté, grand acteur et griot et père du coréalisateur, amène Dokamisa, une jeune fille dans le temps et l’espace par le moyen d’anecdotes, de contes moraux et de rencontres impromptues avec des penseurs célèbres dont certains ont écrit des inanités sur l’Afrique et son histoire. Le caractère élastique de la démarche, faite de coups rapides de projecteurs sur des cas plus ou moins patents, rend la démonstration critique plus bancale. Elle servira peut-être de points de départ à certains spectateurs pour de plus grandes investigations qui contrediront encore plus l’opinion émise par le président Sarkozy lors de son fameux discours de Dakar en juillet 2007.

L’Angolais Zeze Gamboa met en scène Le Grand Kilapy (O grande Kilapy), un épisode peu connu de la fin de la colonisation de son pays. Le kilapy du titre est un autre terme pour l’arnaque montée dans ce cas par Joazinho, employé gouvernemental à Luanda et grand coureur de jupons mais aussi par ailleurs argentier à ses heures du mouvement indépendantiste. La parodie de James Bond voulue par Gamboa ne tient pas la route, grevée par les clichés et l’interprétation inégale des acteurs principaux. Le héros véritable de l’affaire aurait mérité un meilleur hommage. Dans un numéro prochain de la revue, Séquences couvrira des films du Maghreb.

 

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.