19 août 2014
Texte : Luc Chaput
Un extraterrestre arrive en coup de vent dans la très populaire télésérie américaine Happy Days. C’est Mork joué par Robin Williams. Il fait une telle impression que l’on crée rapidement une autre série de comédie de mœurs Mork & Mindy. Habituellement, les téléséries étaient tournées à trois caméras. Devant l’effervescence de l’esprit de Robin, la production décide de rajouter une quatrième caméra qui le suivra afin de profiter de ses moments inattendus.
Auparavant étudiant en théâtre à Julliard avec Christopher Reeve, Robin Williams était alors devenu monologuiste le soir dans des clubs plus ou moins malfamés. Sa faculté d’improvisation sur des sujets divers et quelquefois inappropriés lui permet de se sortir de faux pas face aux clients acariâtres ou éméchés de manières diverses. Cela lui donne ainsi la liberté de créer un style d’humour-mitraillette où ses plus longues envolées ressemblent à des grands solos de jazz. Sa notoriété à la télé (où il a l’occasion de jouer avec son idole Jonathan Winters) et la qualité de ses concerts (Reality… What a Concept) dont on trouve plusieurs formidables exemples sur Youtube, le font remarquer de Robert Altman qui voit en lui un Popeyecapable de s’intégrer dans son univers cinématographique.
Il alterne avec plus ou moins de réussite comédies dramatiques (Awakenings, World According to Garp et Dead Poets Society) et comédies où l’on laisse libre cours à son sens de la répartie, Good Morning, Vietnam. Sa bipolarité est accrue par la pratique de drogues dures ou douces et d’alcool dont il se défait difficilement dans des thérapies qu’il réutilise de manière incidente ou non dans ses monologues. Il se met en scène directement sur un fil de fer sans filet dans ses apparitions télé pour Comic Relief ou dans des entrevues qui constituent aussi son legs à côté d’œuvres cinématographiques comme Good Will Hunting où il est dirigé de main de maître par Gus Van Sant, ce qui lui permet de gagner un Oscar. Il prend des risques comme dans One Hour Photo où il incarne avec une sincère retenue un quidam. Ses prestations vocales dans Aladin où les animateurs de Disney ont l’embarras du choix illustrent de vivante et coloriée manière le génie libéré de sa prison qu’il est au propre comme au figuré. Robin Williams restera pour beaucoup un exemple de ces artistes, si grands mais proches d’eux par leur humanité, sorte de Peter Pan adulte comme il le fut dans Hook de Spielberg, capable de voler si loin mais susceptible de se brûler les ailes et dont on s’étonne qu’il tombe finalement de si haut.
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