8 janvier 2015
Genre : Drame | Origine : États-Unis – Année : 2014 – Durée : 2 h 29 – Réal. : Paul Thomas Anderson – Int. : Joaquin Phoenix, Josh Brolin, Benicio Del Toro, Reese Whiterspoon, Owen Wilson, Eric Roberts – Dist. / Contact : Warner | Horaires / Versions : Cinéma du Parc – Cineplex
CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 13 ans
À mi-chemin entre Chinatown de Polanski (sans le suspense) et The Big Lebowski (sans le délire), Inherent Vice risque d’en déboussoler et d’en ennuyer plusieurs. On nage en pleine paranoïa et confusions, au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Contrairement à Robert Altman dans The Long Goodbye, Anderson digresse vers d’autres rives, mais désarçonne avec son intrigue qui avance à pas de tortue. Il n’y a pas de progression narrative palpable ou sous-jacente; tout repose sur la confusion paranoïaque de son personnage principal. Un défilé d’individus excentriques se succèdent au fil de l’enquête et on assiste, pantois, à une série de monologues interminables et de commentaires hors-norme, à la fois colorés et totalement dénués de sens. Certes, certains personnages se révèlent plus amusants que d’autres. À ce compte, la palme revient à celui du policier halluciné et ennemi juré du détective Sportello, composé par un Josh Brolin en pleine forme.
Mais à travers cet exercice de style postmoderne, Anderson se replonge dans une période bel et bien morte, et révolue, qu’il a vu mourir. L’amour libre, les drogues et la corruption endémique emportent l’adhésion sur la machination et le schéma orchestrés par le personnage énigmatique campé par Katherine Waterston, dans le but d’escroquer un magnat milliardaire (Eric Roberts, dans une courte et amusante apparition) qui croupit ou non dans un établissement psychiatrique. C’est du moins ce que l’on comprend, de prime abord, de ce puzzle intrinsèque. L’intention de l’auteur était probablement d’inciter le spectateur à revoir le film pour mieux « comprendre » ce qui se déroule sous ses yeux. Mais toujours est-il que le ton monocorde et les dialogues diffus à l’humour très décalé axés sur l’ironie risquent d’en emmerder ou rebuter plusieurs. Anderson a oublié l’essentiel – la trame narrative – qu’il délaisse ou abandonne au profit de ses nombreuses digressions ésotériques. Il n’y a pas de suspense ou encore de crescendo dramatique dans l’évolution du récit pour donner suffisamment de plaisir au spectateur pour s’adonner à ce type de jeu.
Texte complet : Séquences (nº 294 – Janvier-Février 2014, p. 24)
MISE AUX POINTS
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