12 mars 2015
Depuis au moins The Corporation de Mark Achbar et Jennifer Abbott auquel Harold Crooks participa en tant que scénariste, les documentaires cinématographiques ou télévisuels sur la place des grandes entreprises et sur le néolibéralisme sont assez nombreux. Commençant sur des images de nuages se noircissant pendant qu’au loin des éclairs surgissent, ce film du réalisateur canadien et économiste remonte jusqu’au Moyen-Âge pour tenter d’expliquer les paradis fiscaux. On est d’ailleurs étonné que les pratiques de secrets bancaires en Suisse entre autres ne soient pas aussi mis en valeur. Les intervenants sont nombreux et le montage ne laisse pas à certains la place pour devenir une personne ressource plus importante.
Le spectateur est donc obligé de se rabattre sur des noms plus célèbres comme Thomas Piketty (Le Capital au XXIe siècle ) ou Brigitte Alepin, la coscénariste et auteure du livre La crise fiscale qui vient qui a inspiré le film et espérer trouver après coup sur le site du film ou ailleurs la liste des œuvres rapidement citées. Lors de cess courtes présentations biographiques qui accompagnent chaque laïus du dit intervenant, l’on découvre que plusieurs d’entre eux, ayant travaillé pour des institutions financières, tentent de maintenant de les réguler dans des ONG voués à cette justice fiscale.
Crooks (au nom prédestiné pour traiter un tel sujet) nous amène donc de la City de Londres à des particules encore existantes de l’ancien empire britannique où se sont mis en place ces diverses pratiques. À Intervalles plutôt réguliers, des confrontations entre parlementaires britanniques ou américains et des dirigeant de certaines corporations permettent de voir plus directement la place que ces évitements de taxes ont sur notre consommation. Ce manque à gagner dans le domaine des impôts des sociétés influe donc directement sur la capacité des gouvernements à continuer à travailler adéquatement pour le bien public.
Les notions économiques de base sont bien employées mais il manque des graphiques expliquant ce que cela représente pour l’économie spécifique de plus de pays à part la banane du Guatemala et le système double-irish. Cette fuite légale des argents entrave la capacité des états à faire leur boulot hier d’état-providence et aujourd’hui de fournisseur de service minimum même et peut amener vers un ouragan, une autre crise financière plus grave que celle de 2008. Par son approche mieux enrobée, le film d’Harold Crooks pourra sans doute intéresser plus de gens à cette situation que L’Encerclement de Richard Brouillette qui donnait déjà en 2008 les bases théoriques néolibérales.
Genre : Documentaire – Origine : Canada – Année : 2014 – Durée : 1 h 33 – Réal. : Harold Crooks – Dist. / Contact : Filmoption.
Horaires : Excentris – Cineplex
CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL
MISE AUX POINTS
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