26 avril 2015
L’idée de départ est louable. Parler du Mile End montréalais, lieu de toutes les origines, de tous les comportements, des vices et des vertus. Le commun des mortels croise l’artiste en mal de vivre ou en pleine gestation de projets. Les multiples ethnies s’assemblent sans se ressemblent. Le melting pot est une façon de vivre plutôt que le fruit des circonstances.
Le texte de Marianne Ackermann est un bel hommage à Montréal, la métropole où elle a décidé de s’installer, ayant quitté, il y a 35 ans, sa ferme du sud de l’Ontario. Pour thème dans Triplex Nervosa, lorsque l’intime fait partie de la possible vente d’un triplex. Vendre ou rester ? S’installer ailleurs ou continuer son quotidien comme si de rien n’était ?
Et autour de cela, des locataires, de nouveaux aspirants à la location. Des vies intimes que nous apprenons à connaître ; des invididus qui se ressemblent l’un et l’autre parce qu’humains, trop humains. Et puis un mort, une enquête qui se transforme en parodie. Des portes qui s’ouvrent et se ferment, s’ouvrent de nouveau et se referment. Non pas par hasard, mais pour mieux exprimer la dynamique de la vie, ces lieux de rencontres qui transforment des vies.
La mise en scène de Roy Surette, que les difficultés de budget obligent à être imaginatif, fonctionne parfaitement bien. L’espace, dans son horizontalité, transforment les étages, ses appartements, ses individus, tous épris de liberté et d’individualité. La direction d’acteurs, du moins le soir de la première, laissait un peu de place à l’improvisation.
C’est parfois rafraîchissant, mais pas dans le cas qui nous préoccupe. Car Triplex Nervosa, titre on ne peut plus « clinique », finit parfois par lasser ; non pas que l’ensemble soit inintéressant, mais nous avons droit à une suite d’anecdotes en forme de sketches humoristiques et souvent clairovoyant qui, seulement à la fin, propose un tout cohérent.
Le Mile End aurait pu occassionner des situations dramatiques, des moments de pur émerveillement, une cacophonie de langues sans précédent. Néanmoins, le récit d’Ackermann est sage, trop sage, se pliant farouchement à ce qu’un certain public veut voir. On ne le dira jamais assez : les spectateurs doivent se plier à la création autant des dramaturges que des metteurs en scène. Et non pas le contraire.
À force de continuer à utiliser cette nouvelle formule, de plus en plus propagée, on peut courir le risque de perdre certains spectateurs. Mais à bien y penser, le public montréalais, autant du côté français que de l’anglais, est incroyablement accommodant est consensuel.
Quant aux comédiens, ils s’en donnent tout à cœur joie dans cet exercice auquel ils croient avec une force de persuasion indéniable. Charmant, mais sans conséquence.
Auteure : Marianne Ackermann – Mise en scène : Roy Surette – Scén. / Costumes : James Lavoie – Éclairages : Peter Spike Lyne – Songs : Patrick Watson – Comédiens : Daniel Brochu (Aaron Klein, Louisa Tate), Kaylee Choinière (Alisha Tate), Holly Gauthier-Frankel (Tass Nazor), Karl Graboshas (Rakie Ur), Cat Lemieux (Mme. Boulanger, Sgt. Germaine Tremblay), Howard Rosenstein (Max Fishbone, Kevin Fishbone), Brett Watson (Damien-Marie de Beaufort) | Durée : 2 h 15 approx. (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 17 mai 2015 – Centaur
MISE AUX POINTS
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