16 octobre 2015
Interdit en 2010 de filmer pour les 20 prochaines années, de donner des entrevues et de voyager à l’extérieur de l’Iran, Jafar Panahi n’en continue pas moins de tourner des films. Après This is not a film/Im film nist (2011) et Closed Curtain/Pardé (2013), il revient en force avec Taxi, troublant microcosme de la société iranienne filmé à partir d’un taxi équipé d’une caméra.Dans le but de défendre la liberté de tourner, Panahi n’a pas craint de troquer son statut de réalisateur pour celui d’humble chauffeur de taxi.
Au fil (et film) des conversations entre les clients, entre lui et sa petite nièce de 10 ans qui, caméra en main, s’apprête à tourner son premier film, entre ceux qui le reconnaissent et ceux qui le houspille, l’Iran se dévoile dans ses règles de politesse, sa tendresse, ses complicités, son marché noir de CDs et de DVDs, mais surtout la dureté de son système politique. Fidèle à une tradition du cinéma iranien qui fait parler les petites filles plutôt que les femmes, Panahi utilise sa nièce pour exprimer la difficulté de filmer selon les règles de la censure. Bien déterminée à distribuer son film, la petite, ayant en effet besoin de tourner des images morales et acceptables qui s’abstiennent de montrer la « réalité sordide », se voit confrontée à un véritable casse-tête.
Clin d’œil politique truffé de références à ses propres films, le film donne lieu à des scènes aussi drôles que touchantes qui, on le déplore, ne seront jamais montrées sur les écrans iraniens, le film n’ayant pas obtenu l’approbation du Ministère de la culture de l’Iran.
« Je suis un réalisateur » annonce Panahi dans le dossier de presse, seule déclaration publique qu’il lui est possible de faire. « Je ne peux faire autre chose que de tourner des films. Le cinéma est mon mode d’expression ainsi que le sens de ma vie. Rien ne peut m’empêcher de faire des films comme d’être pousser dans les recoins ultimes. C’est là que je reconnecte avec moi-même. C’est dans ces espaces privés qu’en dépit de toutes les limites, la nécessite de créer devient une urgence. Le cinéma en tant que forme d’art est ma préoccupation essentielle. C’est la raison pour laquelle je dois continuer à faire des films dans toutes les circonstances, pour présenter mes respects et me sentir vivant. »
Genre : Essai / Docufiction – Origine : Iran – Année : 2015 – Durée : 1 h 22 – Réal. : Jafar Panahi – Dist. / Contact : Kino Lorber.
Horaires : @ Beaubien – Cinéma du Parc
CLASSEMENT
Exempté
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.