En salle

The Assassin

5 novembre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Chine, VIIe siècle. Enlevée en bas âge par l’Ordre des assassins, Nie Yinniang est devenue une redoutable machine à tuer sous la tutelle d’une mystérieuse nonne.

LE FILM DE LA SEMAINE

The Assassin_En sallePRIX DE LA MISE EN SCÈNE
Festival de Cannes 2015

DE FINESSE ET DE BEAUTÉ

Élie Castiel
CRITIQUE
★★★★ ½

Si on cherche à saisir les rudiments d’un quelconque récit dans le nouveau film du Taïwanais Hou Hsiao-Hsien, dont on se souviendra de son inoubliable Millennium Mambo / Qian xi man po (2001), inutile de perdre son temps à chercher. Car The Assassin est avant tout une exploration picturale, une recherche sur la forme des images en mouvements, un équilibre constant entre le geste sublime et l’immobilité.

Le préambule, composé de deux séquences, est filmé en noir et blanc et en ratio t 1.33 :1 tout à fait inattendu qui désoriente au tout début ; mais on comprend vite les intentions du cinéaste, voulant à tout prix jouer le jeu exigeant de la transition. On pourrait lire cet épisode comme un projet artistique de la part de Hou, séparant le réel et la suite, l’imaginaire, filmé en couleur, tel un tableau cinématographique où les images deviendraient une sorte de rendez-vous avec la peinture.

… les dernières images, d’une lueur et d’une puissance
évanescentes, prouvent jusqu’à quel point le cinéaste
taïwanais possède non seulement le don de la maîtrise
cinématographique, mais apporte à l’ensemble une formidable
touche d’humanité, simple, lumineuse et conciliatrice…

Schéma pictural animé en quelque sorte, laissant les personnages errer à travers l’espace, se laissant guider par une caméra-pinceau qui ne cesse de les convoiter. D’où le peu de dialogues, parti pris assumé. Telle se présente la mise en scène intime et personnelle de Hou Hsia-Hsien, puissante, singulière, donnant libre cours à l’inspiration. On cherche en vain une intrigue, on devine parfois quelques points de référence qui s’évanouissent de sitôt pour reprendre leur côté obscur.

Par moments, à travers quelques plans fugaces, The Assassin évoque Kobayashi et d’autres maîtres japonais dont le cinéaste semble s’inspirer, sans toutefois les mimer. L’originalité de Hou renprend très vite le dessus par le biais d’une profonde réflexision sur le dessin cinématographique, ses grandeurs et ses virtuosités. Noble proposition, mais sans doute intentionnellement distante.

Et pourtant, les dernières images, d’une lueur et d’une puissance évanescentes, prouvent jusqu’à quel point le cinéaste taïwanais non seulement possède le don de la maîtrise cinématographique, mais apporte à l’ensemble une formidable touche d’humanité, simple, lumineuse et conciliatrice, étonnamment romanesque et aérée, mettant fin à la solitude implacable d’une héroïne qui renaît finalement à la vie. Hou Hsian-Hsien s’impose ainsi avec une assurance jubilatoire.

revuesequences.org

Sortie : vendredi 6 novembre 2015
Version originale  : mandarin
S.-t.a. > Nie Yinniang

Genre : Drame d’époque – Origine : Chine / Taïwan / Hong Kong / France – Année : 2015 – Durée : 1 h 47 – Réal. : Hou Hisao Hsien – Int. : Qi Shu, Chen Chang, Satoshi Tsumabuki, Chang Shao-Huai, Ethan Huan, Hsieh Nikki Hsin-Ying – Dist. / Contact : Well Go Usa.
Horaires : @   Cinéma du Parc.

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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