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2015 revue et corrigée

3 décembre 2015

DE FRASQUES EN FRASQUES

Élie Castiel
THÉÂTRE
★★★ ½

Toujours aux commandes, l’imbattable metteur en scène Alain Zouvi. D’année en année, observateur rusé de la scène locale, qu’il s’agisse de politique, de mouvements sociaux, artistiques et sportifs. Rien ne l’échappe. À quatre semaines de se conclure, que nous réserve encore 2015. Au train où vont les choses, on ne serait surpris de rien.

2015 revue et corrigée

L’épisode Denis Lévesque (PHOTO : © François Laplante Delagrave)

Toujours est-il que 2015 revue et corrigée est moins dynamique que les années précédentes. Et pourtant, il n’est pas question de fatigue, de lassitude à offrir d’année en année les mêmes numéros. L’esprit est là, mais les presque douze derniers mois n’ont pas vraiment été reluisants, offrant peu en matières de rire.

L’épisode Mongrain/McQuade est de loin le plus efficace.
Jeux de mots, gestes parfaitement coordonnées,
imitations aussi respecteuses que délirantes.

La politique remplit presque la moitié des deux heures que dure le spectacle. Bien rôdé, mis en perspective selon les règles de l’art, amusant, visant le public cible avec une acuité sans pareille, évitant la gaffe juste là où il faut (rappelez-vous du petit scandale d’il y a quelque temps – véritable perte de temps d’ailleurs).

Le sketch de « la lecture du conte » est espiègle, provoque le sourire, divague par moments (et par intention), soulève l’intérêt du spectateur.

L’épisode Mongrain/McQuade est de loin le plus efficace. Jeux de mots, gestes parfaitement coordonnées, imitations aussi respecteuses que délirantes. De loin, beaucoup plus réussi que le duo Richard/Laprade, plutôt mal en point.

Le Barrette de la santé et le Coderre de la ville sont amusant, bien que prévisibles. La ressemblance n’est pas tout à fait à la hauteur, mais les intentions sont fort louables. On aime bien.

Et puis, le clou de la soirée : l’élégamment proverbial Denis Lévesque. Un numéro du tonnerre, drôle, attachant, à se dilater la rate, inoubliable, montrant que l’imitation est l’art par excellence de la dérision et que dans la vie, il ne faut pas toujours prendre tout au sérieux. Le meilleur moment de la soirée, en termes de charisme, de technique et de se petit côté magique que peu de comédiens possèdent : la présence. Martin Héroux en a à revendre.

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L’épisode Mongrain/McQuade (PHOTO : © François Laplante Delagrave)

Et ensuite Suzanne Champagne, comme toujours présente depuis 2007. La scène lui appartient. Elle transforme son corps comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfant. Rien ne lui fait peur. Elle s’agite, se calme par moments, reprend son souffle pour repartir de nouveau. Elle est magique, souveraine, d’un professionnalisme épatant.

Enfin, nous sortons de la salle avec, en tête, ce que nous réservera 2016. Comme le dit l’autre, « si la tendance se maintient…». Essentiel en cette période de l’année.

REVUE SATIRIQUE | Auteurs : Jean-Philippe Durand, Simon Leblond, Nadine Massie, Pascale Roberge, Guillaume St-Onge – Mise en scène : Alain Zouvi – Script-édition : René Brisebois – Musique : Christian Thomas – Éclairages / Projections : Lüdz Studio (David Lavallée-Gagné) – Costumes : Suzanne Harel –– Accessoires : Alain Jenkins – Chorégraphies : Émily Bégin – Comédiens : Suzanne Champagne, Martin Héroux, François Maranda, France Parent, Julie Ringuette, Marc St-Martin | Durée : 2 h 10 approx. (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 9 j anvier 2015 / Théâtre du Rideau-Vert.

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). (Mauvais). ½ [ Entre-deux-cotes ]

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