17 décembre 2015
Avec Bajirao Mastani, Sanjay Leela Bhansali ramène Bollywood à l’époque où on l’appelait tout simplement le « cinéma hindi ». Ce n’est donc pas surprenant que le film évoque en quelque sorte deux incontournables de 1960, Kohinoor, avec les incomparables Dilip Kumar et Meena Kumari, et Mughal-E-Azam (The Great Mughal), deux pures merveilles au niveau du son, de l’image et de la narration.
Après Hum Dil De Chuke Sanam (Straigt from the Heart / 1999), Devdas (2002), Saarwariya (Beloved / 2007), Guzaarish (The Petition / 2010) et Ram-Leela (2013), Bhansali continue sa démarche formelle qui consiste à revenir aux sources d’un certain cinéma indien en les mettant au goût du jour. Les références socio-culturelles comme le théâtre populaire, le drame musical, l’oralité, les conflits entre castes et religions, les blessures familiales, et sans oublier une tendance peut-être inconsciente pour la tragédie grecque, sont les principales caractéristiques du cinéma d’un auteur qui possède un don miraculeux pour raconter.
Avec Bhansali, le cinéma grand public reprend ses droits grâce à un consciencieux travail esthétique et narratif. Comment ne pas signaler ces nombreux mouvements en plongée donnant au pouvoir des hommes et à la puissance des dieux leur indéniable influence sur le destin des individus ? Le réalisme est ici au pouvoir de la forme et transcendé par une mécanique précise qui consiste à sublimer chaque moment, chaque geste, chaque détail. Passé maître dans la rhétorique de l’image et du récit, Bhansali prépare ses projets avec un soin attentif au particulier. Ce n’est donc pas surprenant qu’en près de vingt ans de carrière, on ne lui doit que neuf films.
Si les scènes de bataille sont magnifiquement chorégraphiées, les intermèdes dansés (et chantés) s’avèrent d’une sensualité et d’une rigueur magnétique, et chose rare, justifiés. Le spectacle est total, immense, extrême, émouvant, donnant parfois le vertige. Mais c’est justement ce sentiment de déséquilibre volontaire et jouissif qui rend l’entreprise aussi éblouissante que rédemptrice.
Un des plus beaux films grand public du cinéma indien de ces dernières années, Bajirao Mastani demeure une véritable source d’inspiration pour les cinéastes de ce pays . Bhansali, en ce sens, respecte inconditionnellement l’âme indienne, sans les influences venues de l’étranger, et particulièrement de l’Occident. Et comment résister à la puissance de la musique, qu’il a lui-même composé, en harmonie avec le thème principal abordé : les conflits internes et moraux de l’individu. Quant aux deux vedettes féminines, Deepika Padukone (Mastani) et Priyanka Chopra (Kashibai), aucune rivalité. Au contraire, une entente qui permet à chacune d’elle de montrer son immense talent, toutes deux face à un Ranveer Singh énergique et troublant.
Genre : DRAME HISTORIQUE – Origine : Inde – Année : 2015 – Durée : 2 h 36 – Réal. : Sanjay Leela Bhansali – Int. : Priyanka Chopra, Deepika Padukone, Ranveer Singh, Mahesh Majrekar, Tanvi Azmi, Anuja Gokhale – Dist. / Contact : A-Z Films.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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