En salle

Carol

10 décembre 2015

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une jeune femme dans la vingtaine, Therese Belivet, travaille comme commis dans un grand magasin de Manhattan et rêve d’une vie plus excitante lorsqu’elle rencontre Carol, une femme séduisante prise dans un mariage de convenance sans amour. Une connexion immédiate les unira.

Carol

CRITIQUE
★★★  ½

ARRIÈRE-PLAN CORSETÉ
Texte : Luc Chaput

En fond de scène du générique du début, une forme sinueuse se répétant sur un arrière-plan sombre. La caméra à l’horizontale devient verticale et plonge à la fin dans cette grille d’un trottoir de Manhattan. Nous sommes le soir. Une rencontre inattendue, dans un bar d’un chic hôtel new-yorkais, nous amène rapidement à une série de courtes scènes où deux femmes séparées physiquement, l’une en auto, l’autre marchant, regardent rapidement des éléments dont le sens deviendra plus évident aux spectateurs à la mesure que le récit se déroulera.

La scénariste Phyllis Nagy adapte un roman de Patricia Highsmith publié sous le pseudonyme de Claire Morgan, The Price of Salt. Certains cinéphiles retrouveront des similitudes avec d’autres œuvres de cette créatrice de The Talented Mr. Ripley et de Strangers on a Train. D’ailleurs, le train et le voyage sont des moteurs de l’intrigue. Un train-jouet électrique sert déjà de point de rencontre entre Carol, grande bourgeoise et Therese, vendeuse occasionnelle dans un grand magasin. Le réalisateur Todd Haynes souligne, par de subtiles diagonales, les regards entrecroisés entre ces deux femmes que le hasard place dans un chemin qui leur deviendra nécessaire.

Cate Blanchett confirme encore une fois sa facilité à travailler
sur les variations subtiles de ses regards, de sa voix, de ses
gestes et de son port majestueux pour créer une Carol
dont le quant-à-soi renferme un tourbillon d’émotions.

Therese est aussi une photographe amateure et ses clichés en noir et blanc complémentent admirablement la sublime photographie en Super 16 de Ed Lachman qui capture les tons bruns et dorés et la lumière froide de cette histoire se déroulant dans les brumes de l’hiver. L’intrigue se complexifie avec le divorce acrimonieux dans lequel Carol est impliquée avec son mari Harge, joué par un très solide Kyle Chandler. Elle prend des tournures de film policier naviguant dans les débuts de la présidence d’Eisenhower en 1953. Cate Blanchett confirme encore une fois sa facilité à travailler sur les variations subtiles de ses regards, de sa voix, de ses gestes et de son port majestueux pour créer une Carol dont le quant-à-soi renferme un tourbillon d’émotions. Rooney Mara est Therese, une jeune femme qui éclot aux possibilités de la vie devant nous et l’assurance grandissante du personnage est le reflet de l’interprétation minutieuse et chromatique de Mara.

L’environnement musical orchestré par Carter Burwell, comprend aussi des chansons qui jouent à la radio et qui commentent implicitement l’action dans tous ses détours. Après Mildred Pierce et Far From Heaven, Todd Haynes nous renvoie un regard contemporain sur cette société corsetée d’hier qui gardait une distance certaine entre vie privée et vie publique et où la glace recouvrait la braise.

revuesequences.org

Sortie
Vendredi 11 déccembre 2015
Version originale
anglais
Version française
Carol

Genre : DRAME SENTIMENTAL – Origine : Grande-Bretagne / États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 59 – Réal. : Todd Haynes – Int. : Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler, Sarah Paulson, Carrie Brownstein, Jake Lacy – Dist. / Contact : Séville.
Horaires : @ Cineplex

CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [ Entre-deux-cotes ] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.