15 avril 2016
Chez Michel Tremblay, inutile de rappeler que la mère est la principale source d’inspiration de son œuvre, ensemble d’écrits qui se présentent comme des hommages à la fois tendres, émouvants et réalistes à la femme. Tremblay, c’est aussi l’Histoire du Québec d’une certaine époque, des mots qui sonnent comme de la poésie et qui procurent la joie ou la tristesse chez lecteurs ou les spectateurs.
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Tremblay, c’est aussi un rapport privilégié entre les comédiens et la scène, entre un univers sorti de l’imaginaire fertile d’un observateur de son peuple et de son quotidien. La reprise d’Encore une fois, si vous permettez permet de rétablir le lien que nous avons les arts de la scène et de ce que cet espace crée en notre imaginaire et nos fantasmes.
Voir Tremblay sur scène, c’est découvrir ce qui nous échappe faute de temps, manque d’intérêt ou encore par oubli. Le décor exceptionnel, d’une simplicité confondante, d’Olivier Landreville, offre la possibilité aux deux comédiens sur scène d’amorcer des dialogues (ou monologues) qui font ressortir la nature de l’individu, sa complexité, son cynisme, sa quête identitaire.
La grande Guylaine Tremblay illumine la scène par sa présence immaculée. Tantôt rieuse, parfois intransigeante, sûre d’elle-même, connaissant son fils comme les cinq doigts de la main, elle invente un dialogue qui, malgré ce qui semble être des banalités, établit le rapport à l’autre avec un infini ravissement. Et puis Henri Chassé, la narrateur, alter ego de Tremblay, magnifiquement à l’aise devant la Diva Guylaine.
Tremblay, en fin observateur de son époque, poétise le moment, articule sa pensée par voie d’illustration de détails aussi (faussement) superficiels qu’essentiels. L’auteur «fait vivre la vie » en la trenscendant, l’illuminant de petits mots qui font la différence, de petits gestes anodins qui en disent long sur l’individu et le plaçe, comme par miracle, au royaume du mémorable. Et quand le fin approche, le décor se transforme en quelque chose qui a affaire avec l’étonnement, la volonté inconditionnelle du travail bien fait et qui nous pose, nous simples spectateurs, dans une sorte d’extase euphorique venue d’ailleurs.
Et Tremblay, l’auteur, avec une franchise peu commune, offre un écrin d’amour à sa mère bien-aimée – mater amatísima. Le théâtre, ça sert aussi à cela : nous transporter dans d’autres espaces parallèles tout en demeurant près de la réalité. Somme toute, Encore une fois, si vous pemettez, dernier spectacle de la saison, se classe parmi les pièces les plus importantes chez Duceppe.
Auteur : Michel Tremblay – Mise en scène : Michel Poirier – Décors : Olivier Landreville – Éclairages : Lucie Bazzo – Vidéo : Yves Labelle – Musique : Christian Thomas – Costumes : Mérédith Caron – Comédiens : Guylaine Tremblay (Nana), Henri Chassé (le narrateur) –| Durée : 1 h 35 (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 14 mai 2015 – Duceppe.
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). ★ (Mauvais). ½ [ Entre-deux-cotes ]
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