7 mai 2016
Entre rapports officiels du Mexique avec les pays étrangers variant selon les tendances de l’heure et les humeurs de l’économie et les saveurs culturelles émanant d’un pays aux riches traditions, la dimension humaine, donc celle de la culture, domine. Le Cirque du Soleil, depuis le départ du fondateur, semble décidé à séduire un public de plus en plus populiste.
De toute façon, toutes les sociétes contemporaines affichent une prédilection pour le populisme, sain certes, mais accro aux excès les plus faciles et les spectacles les plus clinquants.
En matère de créativité, Luzia (titre on ne peut plus énigmatique) tente de redorer le blason d’une pays frappé par la violence et la corruption. C’est ce qui explique la présence d’une chanteuse aux formes avantageuses (du moins selon la vision du Mexique) qui redonne à sa patrie la force et la noblesse d’antan. Le message est clair.
Le clown de service est sympa, charmant, convaincu du bien fondé de son acte plutôt enfantin, mais qui a également séduit un public adulte qui semble avoir perdu son sérieux, ne serait-ce que le temps que dure le spectacle. La première partie, avant l’entracte de presque 30 minutes (il faut quand même se nourrir) est plus modeste, sans grande ambitions, faisant de la scène un espace de jeux puériles, parfois aventureux, souvent sans conséquences.
La deuxième partie, par contre, s’annonce plus prometteuse. Le cirque se joint au spectacle de variétés, entre les shows de Las Vegas et le Lido de Paris. Les corps se précisent, les performants n’hésitent pas une seconde à le rendre aussi harmonieux que désirables. Cette seconde intervention est sexy, équilibrée, séduisante et suggestive.
Sur ce point, force est de souligner un numéro de contorsion masculin inoubliable, tout à fait original, époustouflant, mettant le spectateur en haleine pendant quelques minutes. Des secondes hallucinantes d’efficacité. Le numéro le plus réussi de la soirée.
Et la finale, rassembleuse, comme toujours, avec sa musique enlevante (et circasienne à souhait), invitant les spectateurs à célébrer la vie et l’art du spectacle, les faisant penser que les problèmes du quotidien doivent être oubliés en allant voir des divertissements sans conséquences.
Et au fond de la scène, une sorte de lune changeante selon le ton et le contenu de chaque numéro, et des chutes d’eau magnifiquement manipulées qui donnent envie d’un été chaleureux. Et bien entendu, cette énorme clé que le clown ouvre au début et ferme à la fin avant de s’en aller. Allégorie sans doute que dans la vie, tout n’est que vanité… et le temps, éphémère.
Efficace, gentiment manipulateur, gracieux, parfois douceureusement effronté, mais toujours aussi populaire.
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
Durée : 2 h 10 (1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 15 juillet 2016, sous le Grand Chapiteau, au Vieux-Port de Montréal.
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