18 août 2016
Il est indéniable qu’il convient de situer Anne Fontaine dans le rang des cinéastes abordant de multiples approches cinématographiques même si au fond, le dénominateur commun à tous ses films demeure la femme et son rapport à la société; refusant le militantisme, elle la libère, prisonnière d’institutions aussi fondamentales que la famille, le partage ou, ici, dans Les innocentes, un couvent de religieuses peu de temps après la Seconde Guerre mondiale.
Inspiré des écrits du docteur Madeleine Poliac, médecin en Pologne pour la Croix-Rouge française en Pologne de l’époque, le récit s’annonce aussi grave que désespéré. La mise en scène, de par le choix des couleurs et l’utilisation des espaces clos, illustre magnifiquement bien l’atmosphère de cette communauté religieuse repliée sur elle-même : rituels obsédants, foi inébranlable des unes, remises en questions des autres. Et, victimes des soldats russes, un drame intime qui frappe certaines d’entre elles.
Le Alain Cavalier de Thérèse est évoqué délicatement par son minimalisme souverain, mais c’est surtout le classicisme de la réalisation qui rend Les innocentes si original. Filmé à l’ancienne, le quinzième film de Fontaine est un illustre discours sur les notions de la foi et de la raison, sur ce qui les oppose et parfois les réconcilie; et de leur incompatibilité peut, par miracle, naître un nouvel être humain prêt à voir le monde d’une autre façon. Film sur la ferveur limpide de la rédemption, sur le pardon et la croyance en une meilleure humanité, Les innocentes brille par sa sagesse, son discours intellectuel d’une franchise téméraire et, chose rare dans le cinéma d’aujourd’hui, un rapport à l’autre rempli d’espoir et de résignation.
Les actrices, Lou de Laâge en tête, sont toutes exceptionnelles, habitant leurs personnages avec une ferveur dévouée. Autour d’elles, Vincent Macaigne compose un praticien juif aussi intègre que réaliste, mais au fond cachant une profonde mélancolie.
Avec Les innocentes, Anne Fontaine signe un film aux multiples thèmes, tous d’une brûlante signification, et certains encore actuels aujourd’hui. Il émeut autant qu’il provoque notre conscient. Film moral autour de la déontologie du comportement humain, c’est aussi l’une de ses plus brillantes réalisations, parce qu’elle interroge les rapports entre le socle de la croyance religieuse et le rationnel.
Genre : DRAME – Origine : France / Pologne – Année : 2016 – Durée : 1 h 56 – Réal. : Anne Fontaine – Int. : Lou de Laâge, Agata Buzek, Agata Kulesza, Vincent Macaigne, Joanne Kulig – Dist. / Contact : Métropole.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
CLASSIFICATION
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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