25 août 2016
Après quelques sujets courts et, entre autres longs, l’attendrissant Love Is Strange (2014) Ira Sachs aborde le thème de l’amitié naissante entre adolescents, sujet on ne peut plus délicat mais empreint ici de délicatesse et de sobriété.
Little Men est ainsi fait, de mots simples, de dialogues bien sentis, d’absence totale de superflu, d’un magnifique travail sur la durée, mais aussi sur cet instinct qui consiste à confronter les individus dans des situations qui les dépasse.
Comment apprivoiser une amitié complice lorsque les parents de l’un et de l’autre se disputent au sujet d’un bail de magasin difficile à respecter. Film minimaliste parce qu’il empreinte des voies directes, sans détours, Little Men est le film le plus réussi de Sachs. Intelligent, d’un admirable sens d’observation, bénéficiant de la présence de deux jeunes comédiens irréprochables et d’un Greg Kinnear suprenant, le septième long métrage du cinéaste new-yorkais brille par son rapport entre le cinéma et une certaine idée de la réalité.
La caméra d’Óscar Durán traverse avec pudeur les incertitudes derrière chaque personnage. Elle devient le témoin d’une situation désagréable vécue par deux familles de classes différentes qui tentent de trouver un terrain d’entente et de réconciliation. Aucun jugement, aucun plaidoyer, montrer simplement la réalité d’un quartier de New York, ville fétiche du cinéaste, peinte avec sérénité malgré les thèmes abordés.
Une quarantaine de noms figurent dans la production, prouvant jusqu’à quel point Little Men est une œuvre de foi, profondément enracinée dans la carrière du réalisateur. Et derrière la simplicité du sujet, un regard sur les classes sociales, sur la nouvelle donne économique en Amérique, prouvant une fois de plus que le fameux « rêve américain » (American Dream) est un mythe cruel et fallacieux, quel que soit l’environnement social où l’on se trouve.
La séquence concluante, magnifiquement filmée dans un musée, aussi discrète et réaliste que poignante, est une véritable leçon de vie, situant l’individu devant l’inéluctable désarroi qui le ronge et le contraignant paradoxe de son rapport au monde.
Genre : DRAME FAMILIAL – Origine : États-Unis / Grèce – Année : 2016 – Durée : 1 h 25 – Réal. : Ira Sachs – Int. : Greg Kinnear, Jennifer Ehle, Paulina Garcia, Alfred Molina, Talia Balsam, Michael Barbieri, Theo Taplitz – Dist. / Contact : Métropole (Mongrel Media).
Horaires : @ Cineplex
CLASSIFICATION
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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