3 novembre 2016
Encore une fois cette année, Cinemania s’associe à la Cinémathèque québécoise pour présenter une rétrospective-hommage à l’invité principal du festival. Nicole Garcia a réalisé le film d’ouverture Mal de pierres dont nous aurons l’occasion de reparler demain sur ce site. C’est là son troisième long métrage en compétition à Cannes en tant que réalisatrice. Déjà en 2002, elle avait offert à Daniel Auteuil un de ses plus beaux rôles dans L’adversaire, adaptation du roman d’Emmanuel Carrère sur l’affaire Jean-Claude Romand. Le scénario coécrit avec Jacques Fieschi rend bien ambiguïté et l’opacité de cet homme qui se ment à lui-même et s’évertue à être un médecin ayant réussi alors que le monde se dérobe sous ses pieds. La mise en scène de Garcia laisse une grande liberté aux acteurs dans une construction complexe qui permet d’appréhender quelque peu cet homme qui joua sa vie et la perdit.
Nicole Garcia fut d’abord actrice et elle continue à jouer dans des films de ses collègues ou au théâtre où elle aime bien retrouver le luxe de la durée que permettent difficilement les courtes scènes et ces interruptions des tournages. Son lien avec ses origines pied-noir percole tout au long de sa filmographie que ce soit dans La question de Laurent Heynemann sur la fameuse affaire Henri Alleg durant la guerre d’Algérie ou récemment dans Un balcon sur la mer où les souvenirs resurgissent de manière inopinée dans la vie d’un courtier immobilier. Dans ce film, on retrouve aussi la complicité de Jacques Fieschi, comme elle d’origine pied-noir, et naguère critique et qui a connu comme scénariste des relations également fructueuses avec OIivier Assayas (Les destinées sentimentales) ou Claude Sautet (Un cœur en hiver). La réalisatrice fut d’abord actrice entre autres dans des rôles de petite amie ou d’épouse du personnage masculin principal et ce fut aussi le cas dans Garçon de ce même réalisateur où les parties du travail de la brigade dans un restaurant sont plus intéressantes et mieux chorégraphiées que les liens entre Claire et Alex (Yves Montand). On peut donc préférer Péril en la demeure où Michel Deville adapte admirablement le roman de René Beletto et apporte à Christophe Malavoy, Richard Bohringer et bien entendu à madame Garcia, des partitions à leurs mesures.
Jacques Fieschi et la cinéaste ont trouvé, dans Catherine Deneuve, l’interprète idéale pour Place Vendôme où les ors, les brillants et les dessous frelatés se côtoient sur cette place centrale parisienne. La construction aux multiples facettes demande une attention soutenue mais le jeu en vaut son beau lot de jetons. La grande Catherine a gagné un prix d’interprétation à Venise en 1998 pour le rôle de Marianne. Dans cet aperçu un peu court mais assez fourni de l’oeuvre de l’actrice-cinéaste et de son co-scénariste, l’on doit regretter l’absence de leur premier opus commun Un week-end sur deux où Nathalie Baye incarne souverainement une actrice qui court les cachets et qui tente de se rapprocher de ses enfants, mais aussi souligner la présentation de Mon oncle d’Amérique, autre opus majeur d’Alain Resnais.
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.