En salle

Gulîstan, terre des roses

19 janvier 2017

RÉSUMÉ SUCCINCT
Déterminées à freiner les avancées du groupe armé État islamique, de jeunes femmes peshmerga appartenant au bras armé du Parti des travailleurs du Kurdistan attendent l’affrontement.

CRITIQUE
★★★★
Texte : Charles-Henri Ramond

MOURIR POUR SES IDÉES

Une porte se ferme sur Sozdar, combattante du PKK partant à la rencontre de son ennemi juré : L’État islamique. Puis, dans un silence absolu, les noms des protagonistes du film défilent lentement sur un fond noir. Qu’adviendra-t-il d’eux, de leur cause et de leur pays le Kurdistan? Marqués par ces questionnements essentiels, les derniers instants de Gulïstan, terre de roses de la jeune Zayné Akyol sont d’une intensité rare. Tout comme l’était, 85 minutes plus tôt, la scène d’ouverture dans laquelle la même Sozdar, nous dit droit dans les yeux son désir d‘avoir sur le visage une cicatrice bien visible qui la rendrait encore plus belle. Une trace de guerre inscrite à jamais, à l’image de son indéfectible volonté de mourir pour défendre ses idées. Entre ces deux séquences, véritables marqueurs de l’histoire d’une région troublée, et incidemment deux des moments les plus forts du cinéma documentaire québécois récent, la réalisatrice offre un déroutant portrait de femmes.

Les déchirures personnelles de ces jeunes séparées
de leurs familles sont dépeintes avec délicatesse par
une cinéaste, exilée elle aussi, qui a réussi à
nouer avec ses consœurs une apparente complicité.

En étant au plus près de ce bataillon de militantes, nous découvrons un univers imaginaire qui ne tarde pas à bouleverser une bonne partie de nos repères, et remettre en cause nos états d’âmes d’occidentaux. Centrale au récit, la libération de ces femmes kurdes est montrée à la fois par l’âpre lutte entreprise pour chasser un adversaire qui asservit la femme, mais également comme une façon de se défaire de l’emprise de l’homme. Elle voue un culte à l’apprentissage de la conscience politique et à l’enseignement des pratiques guerrières. Infiniment généreux, le film parvient à s’éloigner du collectif, la description du contexte y est minimale, pour rejoindre l’intime de ces combattantes aux nuques aux cheveux bien tressés, aux visages souriants et aux mains expertes dans le maniement de la « Kalash ». En ce sens, Gulïstan, terre de roses s’écarte de la norme du documentaire informatif pour se rapprocher d’une évocation subtile de la condition féminine dans un pays en guerre.

Gulîstan, terre des roses

Côtoyant les rares moments de sérénité, les déchirures personnelles de ces jeunes séparées de leurs familles sont dépeintes avec délicatesse par une cinéaste, exilée elle aussi, qui a réussi à nouer avec ses consœurs une apparente complicité. Sans cesse à la merci d’un obus ou d’une mine, elles évoluent dans un univers irréel, montré de manière parfois très fictionnelle, dans lequel on ne voit jamais l’ennemi, mais où la terreur est omniprésente. Comme une vie flottant en suspens dans l’attente du prochain éclat de violence. De jour comme de nuit, et au péril de sa sécurité, Zayné Akyol a capté cet état du monde sans céder à la dramatisation ni à l’horreur, mais avec une indéniable force de persuasion.

Sortie :  vendredi 20 janvier 2017
V.o. :  arabe, kurde  / s.-t.f. & s.-t.a.
Gulîstan, Land of Roses

Genre :  DOCUMENTAIRE – Origine : Canada / Allemagne – Année :  2016 – Durée :  1 h 26 – Réal. : Zaynê Akyol – Dist./Contact :  ONF.
Horaires :  @  Cinéma du Parc Cinémathèque québécoise

CLASSEMENT
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★  Exceptionnel★★★★  Très Bon★★★  Bon★★  Moyen★  Mauvais½  [Entre-deux-cotes]  –  LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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