9 mars 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Un groupe d’explorateurs réussit à convaincre le gouvernement américain de financer une expédition sur une île mystérieuse quelque part dans le Pacifique. Très tôt, les voyageurs découvrent que l’île est peuplée de créatures géantes, parmi lesquelles il y a un puissant gorille, défenseur d’une bourgade d’aborigènes qui le vénèrent.
Peut-être devrait-on dire plutôt : « pas de pitié pour les spectateurs » ! Car ces derniers vont passer à travers toute une gamme d’émotions avec cette énième variation mettant en vedette ce gigantesque gorille : de l’angoisse à l’hilarité en passant par la frayeur, le choc, la joie et la tristesse, parfois toutes ensemble dans la même scène ! Je sais que c’est un cliché, mais on a vraiment l’impression de s’engager dans une chevauchée de montagnes russes en s’investissant dans ce film trépidant et spectaculaire à souhait.
Soyons clair. Il s’agit bien d’un film de monstres titanesques appelés « Kaiju » dans les films japonais issus de la lignée de Godzilla (1954), Mothra contre Godzilla (1964), King Kong contre Godzilla (1967) et King Kong s’est échappé (1969), tous réalisés par Ishirô Honda. On s’écarte alors des King Kong traditionnels qui remontent à l’original de 1933. Cela explique en partie pourquoi ce nouveau Kong mesure 30 mètres, alors que l’original faisait à peine 8 mètres (comme celui de Peter Jackson) et celui de 1976 s’élevait à 12 mètres. Ces proportions vont lui permettre d’affronter Godzilla (qui culmine tout de même à 107 mètres de haut !) dans un prochain film produit par la compagnie Legendary (aussi producteur de Pacific Rim, un autre film rempli de « Kaiju »), qui cherche à créer avec ces énormes monstres une série de films interconnectés dans la mouvance des super-héros de Marvel et de DC Comics. Si tous les autres s’enlignent comme celui-ci, le pari est gagné d’avance, une perspective intéressante pour des investissements de 180 à 200 millions de dollars par film.
Une fois installé dans cet univers, le spectateur plonge dans une œuvre déroutante qui ouvre sur une séquence rappelant non pas des films de monstres, mais Hell in the Pacific de John Boorman. Ce long métrage de 1968 présentait un duel entre un Américain (Lee Marvin) et un Japonais (Toshiro Mifune) dans une île déserte à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Même conflit ici, sauf que l’île est « Skull Island » et l’adversaire est King Kong ! Ensuite, on passe en 1973 à la fin de la guerre du Viêt Nam où les références à Apocalypse Now (à commencer par l’affiche du film), Platoon et Full Metal Jacket pullulent. De toute évidence, les quatre scénaristes (dont deux ont travaillé sur les récents Godzilla et Jurassic World) et le réalisateur Jordan Vogt-Roberts (dont ce n’est que le deuxième long métrage après The Kings of Summer) s’amusent à afficher leurs sources et prennent un malin plaisir à nous surprendre par des idées inventives et des ruptures de ton qui nous tiennent sur le qui-vive, un peu comme Spielberg le faisait dans les deux premiers Jurassic Park.
Contrairement au Godzilla de Gareth Edwards, plus solennel et plus grave, l’action se déroule ici en plein jour, les monstres s’entrechoquent en plein soleil, le rythme ne relâche pas d’une seconde et les gags s’immiscent là où on les attend le moins. Par exemple, l’un des hélicoptères agrippés par Kong possède sur le tableau de bord une tête branlante (« bubble-head ») à l’effigie de Richard Nixon. Quand l’appareil est sur le point de s’écraser, on coupe brièvement sur Nixon qui s’affole ! À un moment donné, le Colonel Packard (Samuel L. Jackson) confronte Kong à distance, de sorte que les deux opposants sont d’égale dimension. Très gros plan sur les yeux de Kong ; très gros plan sur les yeux de Packard : on se croirait dans un western de Sergio Leone. Ce genre d’idée se répercute aussi sur les créatures, plus surprenantes les unes que les autres, même si elles demeurent totalement invraisemblables.
De toute évidence, les auteurs ne se prennent pas trop au sérieux et foncent tête baissée dans l’action, comme les acteurs qui s’en donnent à cœur joie, bien que certains d’entre eux périssent plus rapidement que l’on pourrait s’y attendre. Cette désinvolture permet à Samuel L. Jackson d’amplifier la colère de son militaire désabusé, à Tom Hiddleston de s’imposer en guide expert, à John Goodman de faire son numéro et à John C. Reilly de cabotiner (mais pas trop) tout en nous touchant par son côté tragique. Quant à Brie Larson, elle devient plus que la blonde de service. Son rôle de photographe de guerre se transforme en survivante qui sait prendre des initiatives. De plus, elle est la première à reconnaître en Kong le primate indulgent et bienfaisant qu’il montre parfois. Il est une force de la nature que même le napalm ne peut arrêter. Pour paraphraser le Colonel Killgore d’Apocalypse Now, « j’aime l’odeur du napalm au petit matin ; ça sent… Kong ! »
Genre : AVENTURES FANTASTIQUES – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 57– Réal. : Jordan Vogt-Roberts – Int. : Brie Larson, Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, Toby Kebbell, John Goodman, John C. Reilly – Dist./Contact : Warner.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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