30 mars 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Le scandale du Médiator, un médicament contre le diabète de type 2, enchaîne une série de problèmes dans la vie d’Irène Franchon, la lanceuse d’alerte, pneumologue dans un hôpital.
Étant donné la popularité grandissante des séries et des drames médicaux, il fallait bien que le cinéma européen s’empare de ce scandale de santé publique pour en faire un film. Après La tête haute, drame sur la délinquance (lire notre critique), Emmanuelle Bercot effectue un étonnant changement de cap avec La fille de Brest, chronique sociale qui suit pas à pas la pneumologue Irène Frachon dans ses démarches pour faire interdire le Mediator. À l’instar de son long métrage précédent, la réalisatrice reprend son thème du sauvetage. D’individuel (un jeune sans parents), il passe au collectif puisqu’ici des milliers de malades sont à risque. En l’absence d’action de l’État, Mme Frachon s’investit de force le devoir de les protéger contre les effets dévastateurs du médicament.
Supportée par l’énergie de Sidse Babett Knudsen – danoise de plus en plus prisée du cinéma hexagonal – la réalisatrice nous propose une enquête tendue et rythmée qui possède tous les ingrédients du polar. C’est donc de manière précise, presque clinique, qu’elle illustre le combat mené contre les avocats et les scientifiques engagés par les laboratoires Servier. Cette bataille, hautement inégale, livre un beau portrait de héros ordinaire, travailleur de l’ombre, dévoué à une cause plus grande que lui et sûr de son droit, tout en lui laissant les attraits d’une personne sensible et fragile. Elle compose avec le dédain des élites de la capitale, qui n’hésitent pas à railler ouvertement cette « plouc » venue de sa « cambrousse » brestoise foutre le bordel dans leurs affaires. Cette opposition province/Paris, à notre avis surutilisée, alimente une bonne part de la confrontation et renforce le sentiment d’injustice qui se dégage en permanence du récit, jusqu’au dénouement.
On sent une certaine jubilation à démontrer, outre l’aspect universel du protagoniste, une revanche du petit sur le gros, des opprimés sur les classes dirigeantes. À quelques nuances près (le chercheur incarné par Benoît Magimel), les personnages, notamment celui de l’éditeur tenace, offrent une belle représentation de cet esprit très gaulois de résistance à l’oppresseur. Ici – il n’y a qu’à se souvenir de notre commandant Piché –, comme partout ailleurs, le spectateur a besoin de ces figures opiniâtres dans lequel il peut se reconnaître. Ils étaient d’ailleurs légion dans Réparer les vivants, autre drame médical également réalisé par une femme. Du côté formel, la réalisation se contente de respecter à la lettre les codes du genre, sans grande inventivité, mais sans aucun défaut majeur. La caméra est alerte, mais sait aussi reprendre son souffle lorsque vient le temps d’observer l’intime. En somme, La fille de Brest est un divertissement éducatif de bonne facture qu’il est important de ne pas laisser de côté, car malgré la conclusion heureuse de cette sombre affaire, et son impact sur tout le système de sûreté des médicaments en France, ces dérives trop fréquentes doivent être dénoncées.
Genre : CHRONIQUE SOCIALE – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 2 h 08 – Réal. : Emmanuelle Bercot – Int. : Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Charlotte Loemmel, Philippe Uchan, Isabelle de Hertogh, Patrick Ligardes – Dist./Contact : A-Z Films.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
(Déconseillé aux jeunes enfants)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.