4 mai 2017
En collaboration avec Mehdi Idir, Grand Corps Malade signe avec Patients son premier long métrage, adaptation éponyme de son roman autobiographique. Il est indéniable que le film possède de vrais qualités techniques et esthétiques non négligeables. Le découpage est inventif, parfois audacieux, au service du récit, et surtout de ses protagonistes. Ces derniers sont d’ailleurs campés par une équipe de jeunes comédiens habitués des seconds rôles dans le cinéma français que l’on redécouvre grâce à une direction d’acteurs formidable de justesse et de tendresse, propre à la sensibilité de l’auteur.
On regrettera cependant que, malgré la justesse de leur interprétation, et le « s » de Patients, on ne s’intéresse pas plus que ça à la galerie de personnages secondaires qui nous est présentée, si ce n’est qu’à travers l’affection que Ben porte pour eux. Bien que le film tente de se donner une aura de film choral, jusque dans son affiche, il n’y parvient vraiment jamais . Certains des protagonistes ne sont ainsi que trop effleurés, là où d’autres ne sont relégués qu’à être un simple outil scénaristique, la love-story par exemple.
Une fois ce regret accepté, on ne peut pas nier que le personnage principal, Ben, et le regard qu’il nous donne sur le monde des handicapés, sont de franches réussites. Reflet de l’auteur et coréalisateur, on retrouve chez lui l’ironie, l’autodérision et le positivisme propre à l’artiste. Ces atouts font de lui un guide surprenant et des plus agréables dans un milieu qui aurait tout pour être déprimant, empli de défis peut-être impossibles, de vies brisées, et de recherche difficile d’espoir.
Mais pourtant, dès les premiers mots prononcés, on se prend à rire du sujet avec une facilité déconcertante. La justesse bienveillante du propos, qui nous rappelle que même les épreuves les plus dures peuvent être traversées aisément si on est bien entouré, est en grande partie menée à bien par cette légèreté quasi constante. Bien qu’elle nuie parfois au récit en réduisant l’impact de certaines épreuves de la vie, telle que la disparition de proches ou la perte d’un rêve, elle est certainement la force de Patients, et la principale raison pour laquelle on se souviendra du personnage principal.
Ne tombant pas dans le piège d’une autobiographie égocentrique en s’éloignant le plus possible du slameur Grand Corps Malade, à l’exception de quelques clins d’oeil suffisamment discrets, Patients est un film à part entière, respectant son propre vocabulaire avec une maturité cinématographique surprenante et bienvenue. Il est de ces films qui ne sont pas des grands, mais n’en ont pas besoin. Il est, à l’image du slam, une expérience douce et sincère.
Genre : Drame biographique – Origine : France – Année : 2017 – Durée : 1 h 51 – Réal. : Grand Corps Malade, Mehdi Idir – Int. : Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly, Naimia Harzoune, Franck Falise, Yannick Renier – Dist. : MK2 | Mile End.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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