13 juillet 2017
Depuis Nobody Waved Goodbye de Don Owen (1963), le passage à l’âge adulte, les tendres amours de la jeunesse filmés dans les couleurs irisées d’un été en apparence paisible sont devenus monnaie courante dans le cinéma canadien. Avec Weirdos, Bruce McDonald essaye à son tour d’incarner cet entre-deux tout autant prometteur qu’apeurant qui n’en finit plus de se délier dans des quêtes personnelles et où cette période que l’on dit ingrate rime souvent avec la recherche d’une place parmi le monde des grands. Nul étonnement donc si cette petite œuvre sans prétention peut se comparer avec le très beau Sleeping Giant (critique). On y relève une fuite en avant de deux jeunes délaissant leurs familles, un voyage en guise d’apprentissage de ses propres limites et de celles de l’être aimé, et bien entendu, une chance offerte à un avenir que l’on espère placé sous de radieux auspices.
Outre sa mise en scène rafraîchissante de simplicité, McDonald avoue une tendresse infinie pour ses personnages, se révélant ainsi sous un jour qu’on ne lui connaissait guère. Certes, il ne réinvente rien à un récit déjà maintes fois exploré, mais se prête au jeu tout en douceur, en gardant les dénouements les plus sombres au second plan et en laissant éclore le charme de jeunes comédiens de la relève, dont Julia Sarah Stone (remarquée dans The Year Dolly Parton Was My Mom de Tara Johns en 2011). Il en résulte une œuvre sensible, opposant comme il se doit l’univers de l’enfance à celui des adultes – à peu près tous des « weirdos » assumés – tout en maniant le choc des générations avec décalage et naturel. Grâce à un noir et blanc granuleux qui sied parfaitement à l’époque dans laquelle se situe l’action, la directrice photo Becky Parsons parvient à dépeindre de très belle manière les paysages côtiers de la Nouvelle-Écosse, lieux improbables aux frontières de notre monde, et à les transfigurer en autant de lieux de rencontres à mi-chemin entre la norme et la marge, propices à de profondes révélations intimes.
Genre : Chronique – Origine : Canada – Année : 2016 – Durée : 1 h 24 – Réal. : Bruce McDonald – Int. : Dylan Authors, Julia Sarah Stone, Molly Parker, Allan Howes, Rhys Bevan-John, Gary Levert – Dist. : Eye Steel Inc.
Horaires
@ Cinéma du Parc
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
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