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Présence autochtone 2017

3 août 2017

Nouvelles de multiples frontières

Comme le signalaient aujourd’hui plusieurs médias, le 2 août est le jour où chaque année, notre planète Terre commence à vivre à crédit puisqu’elle ne peut renouveler ses ressources qui s’épuisent à vitesse grand V. Dans ce contexte, le 21e Festival Présence Autochtone arrive à point nommé pour nous montrer d’autres arts de vivre dans cet environnement.

Texte : Luc Chaput

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Tout d’abord, Martirio de Vincent Carelli revient, de manière à la fois ample et précise, sur la destruction de l’habitat des populations Guarani-Kiowa et les malheurs qui leur sont infligés dans le sud-ouest du Brésil. Carelli est le fondateur de l’organisme Vídeo nas Aldeias qui sert depuis de nombreuses années d’accoucheur de prises de parole des Amérindiens de son pays. Ils s’expriment par la vidéo et font ainsi connaître leurs us, coutumes et les enjeux qui les tarabustent. Martirio, d’une durée de plus de deux heures et demie, est le deuxième volet d’une trilogie sur l’histoire des relations entre ces autochtones et le gouvernent brésilien.

Séquences avait donné en 2009 son prix au premier volet Corumbaria où le cinéaste et ses amis traquaient, dans une autre forêt amazonienne, une minuscule peuplade apeurée par les exactions menées contre leur territoire. Le cinéaste, dans ce réquisitoire co-réalisé avec Tita et Ernesto de Carvalho, remonte tout d’abord à la guerre qui opposa le Paraguay au Brésil entre novembre 1864 et mars 1870. Ce conflit eut des conséquences dévastatrices pour ce petit pays et amena les Guarani-Kiowa sous l’empire du Brésil. La mise en place de grandes entreprises agricoles s’intéressant tout d’abord au maté puis plus tard à l’élevage ou au soja, est mise en alternance avec la création de l’Office des Indiens et surtout avec des moments d’enquête plus pointues sur la situation actuelle des Guaranis. On voit même, au détour d’une archive sur les écoles d’intégration à la vie occidentale, un petit-fils présumé de l’explorateur Percival Fawcett, rendu récemment plus célèbre par The Lost City of Z. de James Gray. Carelli et ses collègues ont encore une fois accompli une oeuvre nécessaire pour la recomposition du paysage éthique et ethnique de leur pays.

Pour reprendre de manière différente le titre du film de Richard Desjardins et Robert Monderie, de nombreuses « erreurs équatoriales » se produisent aussi à l’heure actuelle. Frères des arbres, l’appel d’un chef papou nous fait côtoyer le chef d’une tribu Huli des hauts plateaux de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le format choisi par les réalisateurs français Marc Dozier et Luc Marescot est plus près du reportage télévisuel que du documentaire mais l’entregent et la passion de Mundiya Kepanga permettent de constater les dégâts que cette coupe inconsidérée coûte à la biodiversité de ces contrées et au mode de vie et à la culture si enracinée de ses populations.

Dans les forêts primaires d’Amazonie péruvienne, d’autres lieux peuvent connaître une nouvelle vie. Icaros : A Vision de Leonor Caraballo et Matteo Norzi nous présente de manière fictionnelle un centre de ressourcement où la pratique de l’ayahuasca et de ses effets psychotropes est mise à contribution dans la guérison de maladies diverses. La réalisation allie la quiétude du voyage d’une vieille Amérindienne à la recherche de plantes à la vie à peine plus trépidante de cette retraite fermée où divers types de visions ont lieu. Le montage est un peu désarçonnant au début mais de nombreuses idées de métaphores visuelles s’additionnent pour créer un monde clos d’un bonheur apaisant au moins pour un instant.

Au Nord en Sibérie dans la république de Sakha, un jeune homme iakoute se rend de son village à cheval à un rassemblement dans la périphérie de la capitale Iakoutsk. La très belle photographie en noir et blanc de Zhanna Skryabina et Semen Amanatov sert remarquablement ce fil conducteur entre documentaire et fiction qu’est Johogoi Aiyy de Sergey Potapov. Ce réalisateur, lui-même originaire de cette république partie intégrante de la Russie, construit une œuvre bien courte d’une heure où les ellipses sont d’ailleurs nombreuses célébrant la beauté des diverses activités de ce festival culturel et religieux annuel.

À l’autre bout de l’Eurasie dans une péninsule vivent les Same-skolt, la réalisatrice finlandaise Katja Gauriloff revient sur la rencontre improbable entre Robert Cottret un écrivain suisse et sa grand-mère porteuse de savoirs ancestraux et sur leur longue amitié. Par son emploi fignolé de l’animation et d’archives diverses, Kuun metsän Kaisa (Kaisa’s Enchanted Forest) devient ainsi un poème en mots et en images pour ce peuple du nord de la Scandinavie ballotté par les conflagrations du XXe siècle.

Voici quelques-unes des œuvres notables que présente le festival cette année. Samedi le 5, le défilé des cultures, inauguré il y a quelques années dans cette manifestation, prendra de l’ampleur et s’intégrera à la journée Nova Stella où la diversité culturelle montréalaise sera soulignée à l’occasion d’un 375e anniversaire d’une certaine présence marquée dans un endroit qui est au confluent de diverses influences depuis bien plus longtemps.

Le festival Présence autochtone se déroule du 2 au 9 août au Cinéma du Parc et dans d’autres lieux du Centre-Ville de Montréal. Toute la programmation est disponible sur le site du festival.

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