14 septembre 2017
Si Requiem for a Dream demeure le film-fétiche du réalisateur, Mother! n’en demeure pas moins une autre variation solide sur ses thèmes de prédilection, notamment la création artistique, le goût prononcé pour la suggestion et la fragilité des tensions psychologiques des personnages. La femme, comme dans le sophistiqué Black Swan est le centre du film. Elle correspond à l’idée que le cinéaste éclectique se fait de celle-ci. Ici, elle vit constamment dans une bulle agitée située entre le rêve et la réalité, entre le magique et l’imaginaire ; d’où une caméra qui s’approche constamment d’elle, s’incruste presque dans son cerveau, impudiquement, l’interceptant à chaque tournant.
On n’est pas loin de Rosemary’s Baby, l’excellent film de Roman Polanski qui traduisait formidablement bien les croyances de l’occulte liées à l’appartenance juive du cinéaste polonais. Oronofsky est également israélite et partage sans aucun doute cette notion hors de la réalité. Mais le ton carnavalesque donné à l’ensemble manifeste également de ce jeu entre la caméra et le filmé. Ces êtres étranges, malgré leurs apparences humaines, sont filmés fugitivement, presque de façon fantomatique ; tout le contraire du personnage de Mother, la femme sans nom, celle sans enfant, celle par qui l’absence se fait chair, prise pourtant humainenent par une caméra faussement détendue. En fait, Darren Oronofsky a construit un film conceptuel sur la maternité et plus exactement sur son manque, son désir d’être.
Autour du personnage aussi énigmatique que bouleversant incarné par une Jennifer Lawrence sensationnelle, une horde de fidèles au culte satanique, toujours comme dans Rosemary’s Baby, poussés jusqu’à l’extrême, n’hésitant pas à rendre la caricature bienveillante ; donnant ainsi la possibilité au cinéaste américain de transgresser en quelque sorte le film de genre en lui apportant une dose de renforts psychanalytiques à la fois laborieux et comme par magie, concluants.
On y croit sans y croire. On jubile devant le choix chromatique proche de la peinture et du cinéma gore. Et en fin de compte, on se laisse emporter par ce tourbillon quasi circassien qui ressemble à un fil d’Ariane qui guidera la principale intéressée dans ce dédale sans issue.
Genre : Drame fantastique – Origine : États-Unis – Année : 2017– Durée : 1h 55– Réal. : Darren Oronofsky – Int. : Jennifer Lawrernce, Javier Bardem, Ed Harris, Michelle Pfeiffer, Kristen Wiig– Dist. : Paramount Pictures.
Horaires
@ Cineplex
Classement
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(Violence)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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