11 octobre 2017
Depuis quelque temps, le thème des migrants est devenu un des sujets de conversation les plus abordés, notamment en raison des valeurs éthiques, morales et de justice qu’il engendre. Et lorsque nous réalisons que nous vivons, supposément, dans un univers mondialisé, force est de souligner qu’en Occident surtout, la résistance envers l’ailleurs se fait de plus en plus sentir parmi la population.
Le populisme est devenu un fléau social parce que justement, la raison, l’humanité et la connaissance de l’autre n’ont plus droit de cité. Dans une discipline artistique comme la danse, où cela peut-il mener ?
L’américano-canadien Andrew Skeels nous donne la réponse dans une pièce au titre « mondialisé », Rose of Jericho (La rose de Jéricho), emblématique d’un espace terrestre qui n’aurait pas besoin de tant d’efforts pour inclure l’Humain. Cela se voit dans cet ensemble chorégraphique axé sur les mouvements intenses, où le corps des danseurs utilisent le sol comme s’il s’agissait de la mer qui engouffre tous ces migrants dont nous avons entendu parler ces derniers temps.
Les costumes de Wilber Tellez, tous appropriés pour la circonstance, épousent le brun terrestre, avec quelques soudaines touches de noir. Une sorte de barrière, construite et plus tard défaite, traverse le pourtour de la scène, se transformant au gré du temps, pour finir par rester là, plantée, alors que les danseurs disparaissent de la scène. Tout le long de la présentaion, il auront traversé la scène au rythme des mélopées aussi sulfureuses qu’incantatoires de l’iranienne Sussan Deyhim côtoyant amoureusement les sonorités orientalistes et excitantes de Richard Horowitz.
Mais Rose of Jericho est surtout un acte de résistance, un essai chorégraphié interventionniste, là où le politique se substitue aux gestes, aux silences qui parlent et à ce miroir jeté aux spectateurs comme s’il fallait qu’eux aussi participent à cette aventure.
Pourtant, ce qu’on retiendra, c’est bel et bien que Skeels, en « citoyen du monde », réunit une pleïade d’artistes issus de l’immigration. Par les temps qui courent, il faut oser et continuer fréquemment à le faire.
Chorégraphie : Andrew Skeels – Musique : Sussan Deyhim, Richard Horowitz – Décors : Sunny Doyle – Lumières : Rasmus Sylvest – Costumes : Wilber Tellez – Danseurs : Alexandre Carlos, Etienne Gagnon-Delorme, Jessie Lhôte, Odile-Amélie Peters, Alisia Pobega, Lila-Mae Talbot, Brett Andrew Taylor – Production : Danse Danse.
Représentations
Jusqu’au 14 octobre 2017 – 20 h / Places des Arts (Cinquième salle)
Durée
1 h 10 (sans entracte)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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