12 octobre 2017
« Pièce de répertoire » comme l’annonce le programme de la soirée, On se manifeste par l’engouement des danseurs, dont José Navas lui-même, pour le geste. Contrairement à la tendance aujourd’hui en matière de danse moderne, le mouvement est lent, lancinant, se perdant dans l’espace scénique, pour la circonstance, immense ; sorte de monde à part à la fois suggestif et embryonnaire.
Alexander MacSween, collaborateur à la musique de longue date, était présent dans la salle et a eu droit à la traditionnelle standing ovation (ici, plus équilibrée que dans la plupart des scènes de Montréal), fortement méritée. La talentueuse Nova Bhattacharya nous a séduit par le solo construit par Navas en puisant dans le vocabulaire du bharatanatyam, danse traditionnelle de l’Inde. Les puristes seront étonnés, mais j’assume lorsque je clame que les chorégraphies de certains films de l’industrie Bollywood se basent sur cette ancienne forme chorégraphique. La grande Farah Khan peut s’en enorgueillir et demeure un exemple évident.
Pas de mise en scène dans On, mais plutôt un rapport au corps qui s’extériorise autant qu’il dresse des balises, bizarrement accueillantes autant que fugitives. Les éclairages efficaces de Marc Parent et la conception visuelle de Lino y sont pour quelque chose. Hautement fonctionnels, ces éléments technico-esthétiques traduisent admirablement bien le propos.
Jusqu’à l’épuisement (à prendre positivement), jusqu’à ce que nos sens puissent réagir à un tel émerveillement. Et pourtant il s’agit de détails chorégraphiques pris par-ci, par-là ; hommage à son travail, hommage à ses danseurs et à ses collaborateurs, mais également une belle offrande jetée au public, toujours présent, se renouvelant, comptant sur un devenir encore plus prometteur.
Et il y a, étrangement, de l’humour dans ce travail d’équipe. Le tout commence par un dialogue entre Navas et MacSween. La boucle sera bouclée dans une finale d’une immense tendresse.
Quant aux danseurs, ils sont issus d’ici et de diverses origines, donnant la chance aux autres, de s’exprimer. En art, les barrières s’estompent de plus en plus. Les mauvaises vieilles habitudes disparaissent, et nous n’en sommes que plus contents !
Chorégraphie : José Navas / Compagnie Flak – Danseurs : Nova Bhattacharya, Lindsey Renee Derry, José Navas, Erin Poole, François Richard, Laurent Semeschuk – Concept visuel : Lino, en collaboration avec Sindre Ulvik Péladeau – Musique : Alexander MacSween – Costumes : Sonya Bayer – Dir. technique : Pierre Lavoie –Production : Compagnie Flak, en coproduction avec Agora de la danse.
Repésentations : 13 octobre (19 h) / 14 octobre (16 h ) – Agora.
Durée : 1 h approx. (sans entracte).
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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