1er novembre 2017
Il donnera un concert (intime) au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts jeudi 9 novembre 2017 à 20 h. Il s’agit de Mario Frangoulis, beaucoup plus connu en Europe qu’ici, sauf, bien entendu, par les Grecs de Montréal et du Canada et par ceux qui s’intéressent de près ou de loin à l’art lyrique. L’artiste a eu la gentillesse de nous appeler d’Athènes il y a quelques jours. Nous avions peu de temps devant nous, mais assez pour parcourir certaines questions sur la dynamique culturelle d’une Grèce, par les temps qui courent, en devenir.
Sauf s’il s’agit de s’adresser à la Communauté hellénique, les artistes grecs ont du mal à s’exporter au Canada, voire même au Québec. Mais lorsqu’il s’agit d’un ténor, on est en droit de s’inquiéter.
Oui, effectivement. En Europe, le marché est plus ouvert puisque nous faisons partie de l’Union européenne et que des échanges culturels ont lieu régulièrement. D’autant plus que la Grèce, à travers le temps (et la crise) s’est de plus en plus « europanéiser ». En Amérique du Nord, il y a la barrière de la langue. Mais il me semble juste de souligner que cela ne s’applique pas uniquement à la Grèce, mais à des communautés issus d’ailleurs, comme le Portugal, l’Italie, la Roumanie et bien d’autres. De fait, des barrières existent. Dans le cas de la France, il est évident que la questions ne se pose pas.
Peter Gelb, le directeur du Metropolitan Opera, vous a en quelque sorte, découvert. Cela aurait pu être l’occasion de vous produire dans l’une des plus respectacles maisons d’opéra du monde.
Bien entendu. Mais il faut dire que mon emploi du temps est tellement chargé, principalement dû au fait que je chante des airs d’opéras et des chansons du répertoire musical théâtral, comme se fut le cas, par exemple, dans Les misérables et Le roi et moi. Il est important de souligner que pour faire partie de la distribution dans un opéra, et particulièrement au Met, que je considère, dans le sens positif, comme une vraie « bête scénique », un monstre de créativité et d’émotion, les enjeux sont excessivement rigoureux. Ce qui ne veut en aucun cas dire que je refuserais un contrat dans des opéras tels que La bohème de Puccini ou encore L’elisir d’amore de Donizetti. Ces deux œuvres correspondent parfaitement avec le ton de ma voix. J’ajouterais, cependant, qu’au cours des dernières années, en raison de la crise économique (et sociale) en Grèce, le pays n’a pas produit de talents en ce qui concerne l’opéra.
Il y a quelque temps, néanmoins, nous avons pu admirer Mirtò Papathanassiou à l’Opéra de Montréal, dans une Traviata admirablement callasienne.
Oui, en effet. Pour les sopranos d’ici, Maria Callas est une référence primordiale, autant pour la voix que le jeu ; en plus de la voie, Callas était une véritable tragédienne. Cela est sans doute dû à notre passé hellénique qui est encore dans nos gênes.
Est-ce que vous vous sentez à l’aise de passer du répertoire classique à celui populaire ?
En fait, assez bizarrement, mon expérience dans la scène populaire m’a beaucoup aidé dans mes concerts d’airs d’opéras. Mais depuis un jeune âge, j’ai toujours voulu travailler dans le milieu de la scène, comme chanteur, comme comédien. Cet engouement pour l’espace théâtral est encore très vif en moi. Je passe de l’un à l’autre aisément.
Et que dire de la Grèce culturelle à ce moment-ci de son histoire ?
C’est étonnant, mais on dirait que la crise a poussé les jeunes générations à être plus créatives. Par exemple, on vient d’ouvrir au Pirée, près de la mer, un nouvel opéra de plus de deux mille places. Dans tous les domaines de la culture, le cinéma, le théâtre, la musique, la peinture et dans d’autres disciplines artistiques, la Grèce est riche de nouveaux talents et rien n’arrête les créateurs. Nombre d’entre eux présentent des spectacles gratuits puisque les gens ne peuvent se permettre, pour la plupart, de payer des billets de spectacle.
En plus de New York et de Los Angeles, vous avez choisi Montréal comme l’un des lieux de votre tournée. Pourquoi cette ville en particulier ?
Bien entendu, la question ne se pose pas dans le cas de New York et Los Angeles, deux villes importantes. Dans le cas de Montréal, c’est parce qu’elle m’avait accueilli il y a longtemps, mais aussi parce que la Communauté hellénique de Montréal est très influente et active dans la culture. En fait, je caressais le rêve de retourner dans cette métropole aux multiples accents et aux multiples cultures. Mon rêve enfin se réalise.
Et pour la suite ?
La seule chose que je peux dire, c’est que je prépare quelque chose d’intéressant avec Éleni Karaindrou, compositrice de la musique de la plupart des films du regretté Theo Angelopoulos. La suite, on verra !
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