9 novembre 2017
Avec son premier long-métrage en carrière, la réalisatrice et scénariste Maggie Betts (récipiendaire du Prix « Breakthrough Director » au dernier Festival du Film de Sundance), impressionne, par la finesse de son propos et la douceur de son regard, sur un sujet trop peu abordé au cinéma. Si l’environnement des nonnes et des carmélites, fait l’objet de quelques films, du classique avec Audrey Hepburn The Nun’s Story (1959, Red Zinnemann), au récent film d’Anne Fontaine Les innocentes (2016), Novitiate aborde le thème d’un angle qui se distingue quelque peu de ses contemporains. Dès les premières images, la voix hors-champ positionne le ton du film : l’histoire d’amour d’une jeune fille de 17 ans, son premier amour, entre elle et Dieu. « Je veux un amour idéal, auquel je dois tout donner », appuie Soeur Cathleen. Nécessairement, le film interroge, de par la protagoniste de la mère de Cathleen, comment une jeune fille n’ayant jamais connu l’amour et provenant d’une famille non-catholique, peut-elle avoir la foi en Dieu ? Cela dit, ce questionnement de la foi et de l’amour véritable, passe tout d’abord par Cathleen elle-même et sa procession de foi, donnant au film un propos personnel et intimiste.
Novitiate ne sombre pas dans les clichés du genre, des relations saphiques aux sœurs martyres, bien que ces thématiques soient abordées en filigrane, avec toute la finesse nécessaire. En début de film, on situe l’action dans le contexte du Vatican II, qui de 1962 à 1965, procédera à de nombreuses réformes de l’Église catholique, positionnant la procession de foi de Cathleen dans un contexte socio-historique déterminant, amenant son lot de questionnements vis-à-vis de la place de l’Église en société. L’évolution de la foi d’une jeune femme, sa fascination pour ce grand amour fait de sacrifices, est présenté de son enfance, jusqu’à son parcours au noviciat pour devenir nonne.
La voix hors-champ et la direction photo, faits d’observations et de silences, renforcent l’intimité du propos et le caractère pieu de Sœur Cathleen (un plan en plongée, la montrant priant, regardant les cieux, évoque pratiquement La passion de Jeanne D’Arc de Dreyer, 1927). Malgré une courte filmographie, la nouvelle venue Margaret Qualley, confère à Soeur Cathleen une profondeur, mêlant à la fois confiance et candeur. Une subtilité dans le jeu d’acteur, de la trempe de celles qui possèdent le talent pour durer.
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 03 – Réal. : Margaret Betts – Int. : Margaret Qualley, Melissa Leo, Julianne Nicholson, Diane Agron, Liana Liberato, Eline Powell – Dist. : Métropole Films.
Horaires
@ Cineplex
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