15 décembre 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans une galaxie lointaine, le Premier Ordre règne partout, repoussant constamment la Résistance. Mais entrent en jeu Finn et Rey, qui n’ont pas dit leur dernier mot.
Je venais d’avoir 18 ans et j’ai triché. Je devais attendre à samedi pour voir The Empire Strikes Back (TESB) avec des amis à Montréal à Place du Canada en 70 mm, mais je n’ai pas pu me retenir et j’y suis allé le jour de sa sortie, le mercredi 21 mai 1980 à Place Québec. Cette projection standard ne pouvait me préparer au choc de le voir en 70 mm. Il s’agit d’une des expériences cinématographiques les plus saisissantes de toute ma vie de cinéphile (avec Apocalypse Now au York), plus encore que le premier, Star Wars: A New Hope (SWANH). C’était l’époque où George Lucas innovait et entraînait cette saga dans une nouvelle direction, fortement mythologique, avant de lui-même reprendre le modèle dans Return of the Jedi (ROTJ).
Trente-sept ans plus tard, j’ai l’impression d’un irrépressible déjà-vu avec The Last Jedi, un immense décalque du film de 1980, mais sans la magnificence visuelle, le sens du récit ou la Force… dramatique. Il est impossible de reproduire ce grand moment de cinéma aujourd’hui. Tout est trop préfabriqué et généré par ordinateur, même le scénario. Pendant que je le regarde, je suis constamment sorti de l’intrigue qui me ramène sans cesse vers les autres films qu’elle plagie : la séquence d’ouverture fusionne celle de TESB avec les fins de SWANH et de ROTJ, la confrontation entre Snoke, Kylo Ren et Rey reprend celle entre l’Empereur, Luke et Vader dans ROTJ, Luke instruit Rey comme Yoda l’a fait avec lui dans TESB, Rey plonge dans la caverne sous-marine comme Luke s’enfonçait dans la grotte dans TESB, et ainsi de suite et ad nauseam. La nostalgie gangrène l’entreprise.
Sommes-nous condamnés à revoir sans cesse les mêmes films qui se répètent à l’infini dans un rêve éternel? Même John Williams recycle ses vieux thèmes et ses vieux arrangements dans un copier-coller musical fort lassant. Il y a cent milliards d’étoiles dans notre galaxie et cent milliards de galaxies dans l’univers, mais il semble n’y avoir qu’une seule trame narrative dans l’évangile Star Wars selon Kathleen Kennedy, qui contrôle la destinée de la saga pour des siècles et des siècles, amen. Amène-z-en de l’argent dans les coffres de l’empire commercial Disney, qui est en train de détruire la résistance artistique des créateurs de ce monde. Seule la rébellion indépendante persiste.
Dans cette galaxie fort lointaine brille toutefois une étoile qui éclipse toutes les autres. Daisy Ridley semble la seule à vraiment y croire encore et elle insuffle le personnage de Rey d’une vigueur, d’une détermination et d’une force de caractère qui lui font honneur. Elle semble se battre contre les inepties du scénario pour nous forcer à y croire et à emporter notre adhésion. Son expression est sincère, son regard intense et son sourire, lorsqu’elle peut enfin se le permettre, nous convainc. Mark Hamill, pour sa part, se montre constamment exaspéré, fatigué de jouer dans ce film. Sa présence apparaît d’ailleurs évanescente. Il devient littéralement l’ombre de lui-même à la fin en affrontant Kylo Ren dans une scène qui évoque… Bah, vous verrez bien par vous-même l’allusion. Il est tout de même symptomatique de ce film que les scènes les plus touchantes concernent Leia, interprétée pour la dernière fois par Carrie Fisher, décédée à Noël l’an dernier. Il s’agit du plus grand cadeau nostalgique que The Last Jedi puisse nous offrir : Leia se ramène elle-même à la vie dans la scène la plus invraisemblable du film, mais on dirait une métaphore qui cherche à ramener Carrie Fisher parmi nous. Je vous défie de ne pas verser une larme. Si seulement la saga parvenait aussi à renaître de ses cendres.
Genre : Aventures de science-fiction – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 32 – Réal. : Rian Johnson – Dist. : Buena Vista Canada.
Horaires/Information
@ Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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