En salle

Chien de garde

8 mars 2018

| PRIMEUR |
Semaine du 9 au 15 mars 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Vincent, jeune homme de 19 ans survolté et hyperactif, a des problèmes de comportement qui lui attirent bien des ennuis. Heureusement, il peut compter sur son grand frère JP pour le défendre et le tirer d’embarras.

COUP DE CŒUR
Élie Castiel

★★★★ ½

UN CHANT D’AMOUR

Une chose est claire : Sophie Dupuis a le cinéma dans sa peau, dans ses viscères. Elle le respire, le fait sien. Les images en mouvement sont pour la jeune cinéaste quelque chose qui a à voir avec la vie, l’art et la rédemption. C’est de cela qu’il s’agit aussi dans ce premier long métrage magnifiquement construit qui, par moments, interpelle notre Robert Morin national lorsqu’il avait conquis « officiellement » notre intellect avec Requiem pour un beau sans cœur.

Le cinéma québécois n’a pas encore fini de raconter la famille et ses nombreuses dysfonctions. Il y a là la brillante métaphore d’un pays qui se cherche à travers ses racines profondes, ses incertitudes, ces changements soudains de comportement. Mais Dupuis va encore plus loin. D’une part, sa vision de femme lui permet de voir les choses autrement, sans doute situant les personnages dans des sphères amoureuses de la caméra, comme si celle-ci les frôlait et les caressait quelles que soient les situations.

Mais il y a aussi quelque chose que la jeune cinéaste a appris de ses études à Concordia, la direction d’acteurs. Oui, le formidable Théodore Pellerin dont le rôle de Vincent ne semble avoir été écrit que pour lui, fou, drôle, dramatique, épousant l’objectif d’enregistrement des images comme s’il lui appartenait. Et Jean-Simon Leduc – entre autres, L’amour au temps de la guerre civile, Et au pire on se mariera – ici, JP, deux initiales tout simplement, et qui confirme son charisme et sa photogénie conquérante comme une façon d’exister sans vraiment être là. Paradoxe avec le rôle qu’il tient, vulnérable, combattant, instinctif mais mesuré, d’une intensité dramatique particulière, en harmonie avec le Québec d’aujourd’hui. Où on s’en va ! Et puis Paul Ahmarani, que dire de plus sur lui ? Et Maude Guérin, souveraine, passant d’un état à l’autre avec une souplesse remarquable.

Chose étrange et pourtant vraie : Chien de garde donne
au critique la motivation de ne pas rompre avec
son travail. Sophie Dupuis, merci de ce beau geste !

Tous ces conflits familiaux se passent dans un Verdun multiethnique que Sophie Dupuis a la l’audace et la pudeur de filmer tel quel. Verdun, un arrondissement de Montréal capté avec amour, comme nous l’avons rarement vu. En fait, comme nous ne l’avons jamais vu, grâce au travail impeccable d’un Mathieu Laverdière possédé par cette arme à double tranchant que représente cet appareil de captation.

Sophie Dupuis a du nerf, confirme sa passion pour les images, montre sa passion pour un art que d’aucuns considèrent en voie de disparition. Elle répond avec acharnement que ce n’est pas le cas. En fait, elle revendique que le 7e art demeure plus vivant que jamais. Une nouvelle vague s’annonce pour le cinéma d’ici, une sorte de movida québécoise qui consiste à signer ce qu’on appelle « film d’auteur » en prenant la vie comme sujet, sans trop philosopher, refusant catégoriquement l’effet gratuit, renouant avec le vécu, une sorte de rachat, un chant d’amour.

Chose étrange et pourtant vraie : Chien de garde donne au critique la motivation de ne pas rompre avec son travail. Sophie Dupuis, merci de ce beau geste !

Sortie : vendredi 9 mars
V.o. : français

Réalisation
Sophie Dupuis

Genre : Drame – Origine : Québec [Canada] – Année : 2018 – Durée : 1 h 27 – Dist. : Axia Films.

Horaires & info.
@ Cinéma BeaubienCineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. O Nul. ½ [Entre-deux-cotes]

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