9 août 2018
Rien ne prédisposait le Britannique Lee Alexander McQueen à une carrière brillante auréolée de succès dans le monde de la mode; fils d’un père Écossais, chauffeur de taxi, et d’une mère professeure de sciences sociales, issus de la petite bourgeoisie. Pourtant, le plus jeune d’une famille de six enfants possède une imagination sans bornes pour le dessin, un mélange de brouillons et de sketches de costumes féminins.
Entre les mains de Ian Bonhôte et de Petter Ettedgui, fils du designer franco-marocain Joseph Ettedgui (mort, comme McQueen, en 2010), McQueen organise la mise en scène documentaire autour du scénario classique (têtes parlantes) dont les propos édifiants des intervenants nous touchent au plus profond. Il y a aussi des captations de défilés de mode, des univers sortis d’une imagination constante, alliant mythologie antique, dont une prédilection pour la grecque, modernité, liberté du corps et une approche homoérotique même si les modèles sont essentiellement féminins. L’homme est simple, imprégné dans son travail, amoureux de ses proches; l’artiste se nourrit de son imaginaire et des chimères qu’il réussit à réaliser. Le Swinging London influence son travail.
Tout comme les documentaristes qui, dans leur mise en situation, épousent le plus près possible les formes et les tonalités de McQueen. Éléments narratifs que la musique de Michael Nyman (rappelant celle dans The Cook, the Thief, His Wife and Her Lover, de Peter Greenaway) rendent encore plus poignants.
Il y a l’influence Givenchy, Andy Warhol et David Bowie, autant d’artistes de la movida européenne des années 80. Il s’adapte à tout puisque c’est sa marque de commerce qui prédomine. Ses défilés sont autant de spectacles scéniques proches de la chorégraphie et de la danse contemporaine.
Et ses thèmes de prédilection, la vie, la mort, la nature, l’animalité, le monde de la mer; consciemment ou le contraire, un rendez-vous avec son for intérieur, brisé et vivant à la fois, prudent et envolé, mais toujours dominé par le spectre de la finitude, comme ces séquences où le rouge-sang domine; fragilié du corps, instabilité de la vie, et une dernière parade où le catwalk des mannequins suivent les traces de Platon et de son Atlantis. Et puis la descente aux enfers, suite à la mort de Isabella Blow, éditrice de magazine de mode, une seconde mère, une sœur. Un dernier tour de piste avant de s’en aller, un départ auto-annoncé.
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Sortie
Vendredi 10 août 2018
Version originale
anglais
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Réal.
Ian Bonhôte
Peter Ettedgui
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Genre
Documentaire
Origine
Grande-Bretagne
Année : 2018 – Durée : 1 h 49
Dist.
Entract Films
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Horaires & info. @
Cineplex
Classement
Tous publics
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MISE AUX POINTS
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★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]
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