26 septembre 2018
Le ballet classique revu et corrigé, est-ce possible? Peut-être! Mais pure hérésie pour les uns. Geste de bravoure et de nécessaire provocation pour les autres. Pour la fulgurante sud-africaine Dada Masilo, un pas de plus dans la culture d’un pays à peine libéré et qui a fait de grands pas en termes de politique, de rapports sociaux et culturels, ultime étape pour concilier les peuples et sans doute fondement déterminant pour adoucir les mœurs, la colère, la rage; pour mieux réaliser en quelque sorte une utopie qui sera à jamais rêvée.
En attendant, les spectateurs demeurent ébahis devant une technique irréprochable qui rejoint les codes (et cordes) du classique, comme il se doit, bien entendu, mais rejoint aussi le folklore et le populaire, non seulement par le choix musical, mais également par les déhanchements brûlants, loin de l’exotisme touristique, plutôt naturels, convoquant la sexualité, Éros et tous les Dieux qu’on voudra pour faire de l’humain un être de chair, de sang et de sensations.
Car le Giselle de Masilo est surtout saisissement et sensibilité à la fois. C’est aussi, au cours de ces gestes qui parfois nous désorientent, donner recours à la voix, celle de toutes les danseuses et de toutes les danseuses et tous les danseurs. Raconter le mouvement de l’Histoire d’un pays, d’une africanité maintes fois remuée, basculée, bousculée, mais qui en fin de compte, sort intacte.
Deux actes, séparés par environ cinq minutes d’intervalle au cours desquels les spectateurs sont priés de ne pas quitter la salle. Bonne décision qui nous pousse à imaginer ce que sera la suite.
Formidable, aussi éclatante que la première partie. La leçon d’Histoire se continue; une histoire d’amour, de trahison, de mariages avortés. C’est sans doute le destin d’une Afrique qui n’a pas encore fini de se libérer.
Écrans de fumée improvisés mais qui fonctionnent à merveille, couleurs des costumes en harmonie avec la Terre représentée, un amour inconditionnel du partage des corps et plus que jamais auparavant, une humilité conciliatrice qui, par les temps qui courent, résonne comme l’annonce d’un monde meilleur, malgré la séparation des individus qui ne peuvent réaliser la possibilité d’aimer.
Comme si ce sentiment n’appartenait qu’aux Dieux et aux Déesses. Comme si ci-bas, notre destin d’individu était tout autre. Dans un sens, le Giselle de Dada Masilo, jeune chorégraphe en pleine ascension, c’est avant tout un conflit subliminal, paradoxalement intime et radical entre le Ciel et la Terre.
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Chorégraphie
Dada Masilo
Assistante à la mise en scène
David April
Dessins
William Kentridge
Musique
Philip Miller
avec le soutien de SAMRO Foundation
Costumes
David Hutt. Donker Nag Helder.
Songezo Mclizeli. Nonofo Olekeng.
Those Two Lifestyle.
Éclairages
Suzette le Sueur
Interprètes
Dada Masilo. Xila Willie.
Tshepo Zasekjhaya. Llwellyn Mnguni.
Liyabuya Gongo. Khaya Ndlovu.
Thami Tshabalala. Steven Mokone.
Zandile Constable. Nadine Buys.
Sinazo Bokolo
Diffusion
Danse Danse
Représentations
25 – 26 – 27 – 28 et 29 septembre 2018 / 20 h
Place des Arts
(Théâtre Maisonneuve)
Durée
1 h 15
(sans entracte)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]
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