Séquences – La revue de cinéma

En salle

Matangi / Maya / M.I.A.

11 octobre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 41
Du 12 au 18 octobre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Inspiré de séquences vidéo personnelles couvrant près d’une décennie, ce documentaire est un portrait intime de l’artiste et musicienne sri-lankaise qui continue de briser les conventions.

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CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★ ½

EXIL EN LA DEMEURE

M.I.A., trois lettres de l’alphabet pour dépasser l’anonymat, pour se donner au monde, à l’art, à la culture et plus que tout, s’approprier la parole pour établir un discours (socio)politique entre l’art et la vie, entre sa propre personnalité et les fans de sa musique. Hip-hop, rap, rock ‘n roll, le tout parsemé de tonalités orientalistes, hindoues surtout, ne serait-ce que pour préserver un rapport aux origines; en quelque sorte, universelles.

Le racisme, M.I.A. le connaît bien, mais elle ne dérape pas. Bien au contraire, elle brille par ses propos délirants, son humour à la fois candide et rebelle. Elle est ouverte d’esprit sexuellement, aime bien Madonna et ses contemporains, les spectacles un peu dévergondés, c’est dans sa nature de femme libérée. Ou est-ce qu’elle joue plutôt un personnage?

Peu importe, car le film de Stephen Loveridge repose trop sur la vedette, ne relève pas le genre en insufflant ne serait-ce qu’un peu de singularité. Tant et si bien que Matangi / Maya / M.I.A. semble avoir été construit et mis en scène par la principale intéressée. Entière, désorganisé, sincère. Entre la vie en famille, les spectacles sur scène et quelques « têtes parlantes » misant quelque part entre le superficiel et l’étonnant, le document de Loveridge assume son siècle, un XXI^e âge dépassé, trop jeune encore, qui ne sait trop où il se dirige, notamment en matière de culture. Déconstruire le passé, renouer transitoirement avec les anciennes valeurs? Questions demeurées sans réponse.

Matangi / Maya / M.I.A. semble avoir été construit
et mis en scène par la principale intéressée.
Entière, désorganisée, sincère.

On assiste à une explosion d’une culture populaire actuelle totalement immergé dans les eaux troubles du superficiel, du provisoire et tout particulièrement de l’instantané. Si pour réussir, seul l’Occident peut ouvrir des portes, le choix est clair, d’où un exil forcé. C’est inquiétant, mais également touchant, parce qu’ouvert au monde.