15 novembre 2018
SYNOPSIS SUCCINCT
Alex, un garçon sensible et timide, part en secret visiter son père qui vit dans le Maine. Les retrouvailles père-fils, amicales de prime abord, prennent une tournure plus inquiétante après un échange stérile. Alex, irrité, quitte l’appartement avec des armes à feu et se met à tirer sur des hommes choisis.
Il y a, chez Marc Bisaillon, une façon appliquée de traiter du mutisme, ce refus, voire même impuissance à parler, quelque chose du domaine de la peur, de l’effroi de dévoiler une plaie inguérissable qui git dans le for intérieur de l’individu depuis longtemps.
Jusqu’à l’effondrement de l’âme qui permet toutefois de réagir, mais souvent par des moyens tragiquement irréversibles. Après les remarqués La lâcheté et La vérité, deux premiers longs métrages sur la culpabilité, les deux séparés de deux ans, il aura fallu au cinéaste sept ans pour compléter L’amour, victime sans doute, comme plusieurs, de l’effet-relève démesuré.
Titre d’autant plus affectueux que, curieusement, il propose une vision psychanalytique de ce sentiment qui peut parfois prendre des tournures impossibles à imaginer chez des individus normalement constituer.
Une famille normale d’aujourd’hui, mère séparée (ou divorcée), peu importe. Le fils, jeune homme en apparence doux et pas compliqué, sa sœur et son beau-père. Et puis, une visite qu’il rend à son géniteur, un pervers qui voue un amour fou aux armes à feu. Pour Bisaillon, un sujet en or qu’il traite selon les codes du cinéma minimaliste, évitant les scènes (ou séquences) redondantes, s’en allant vers l’essentiel, ne montrant pas l’acte ou les actes dont il est question, respectant l’intelligence du spectateur comme d’un être consentant à suivre ce récit troublant sur des sujets tabous (inutile de gâcher la surprise).
Film sur la durée, L’amour amoncèle joutes psychologiques dans un espace de temps restreint ; délibérément, comme si tourner un film était un acte de contrition, d’aveu, où à un certain moment, tous les personnages ou presque sont obligés de se confesser, d’une manière ou d’une autre, quelles que soient les conséquences.
Il y a peut-être là une métaphore difficile à déchiffrer. Celle d’un Québec défavorisé qui, lentement, se rend compte d’avoir été victime de spoliation et risque l’action irrévocable pour finalement se libérer.
Fanny Mallette et Paul Doucet toute la crédibilité à leurs personnages, tandis que Pierre-Luc Lafontaine est un naturel, un pro du métier, respectant à la lettre les protocoles psychologiques des deux personnalités opposées qu’il incarne avec brio.
Sortie
Vendredi 16 novembre 2018
Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a.
With Love
—
Réal.
Marc Bisaillon
—
Genre : Drame – Origine : Québec [Canada]
Année : 2018 – Durée : 1 h 26
Dist.
Filmoption International
—
Info. @
Cinéma Beaubien
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
—
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.