En salle

Burning

6 décembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 49
Du 7 au 13 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
Dans les rues de Séoul, Jongsu, un aspirant écrivain, rencontre Haemi, une ancienne voisine et camarade de classe. Celle-ci part pour un court voyage en Afrique, et en revient en compagnie de Ben, un homme riche, cynique et énigmatique. Lors d’une conversation, Ben avoue à Jongsu qu’il est pyromane. Quelques jours plus tard, Haemi disparaît sans laisser de traces.

CRITIQUE
| Guillaume Potvin ]

★★★ ½

AU FOND DU PUITS INEXISTANT

Le jeune Lee Jong-su (Yoo Ah-in, faisant preuve d’une retenue fascinante) aspire à être romancier. Mais sans manuscrit, ni même d’idée de roman, il n’a d’un écrivain que la personnalité : il observe, réfléchit, essaie de faire sens de l’absurdité de l’existence. Car Jong-su est fasciné par le monde qui l’entoure; pour lui, la vie est un mystère à résoudre. C’est cette obsession Vertigo-esque qui propulse Burning et le mystère qu’il propose est d’une opacité digne des meilleurs films d’Haneke. Lee Chang-dong propose donc un film atypique qui emprunte autant de codes du thriller qu’il en rejette.

On détecte ainsi en toile de fond une série de schismes qui lacèrent
la société coréenne. Schismes générationnels, économiques,
idéologiques, sources d’une perte de repères vécue par un pan de
la jeunesse, héritière de cette Corée contemporaine qui a dû,
et doit toujours, depuis 1953 négocier avec la Chine, les États-Unis
et la Corée  du Nord pour déterminer son devenir.

Si certains spectateurs peineront à s’investir dans le récit vu l’impénétrabilité de ses personnages, une partie du plaisir de Burning réside dans la quantité de détails périphériques qui l’habitent. Les tangerines mimées, les chats introuvables, les danses existentielles, les échos de la propagande nord-coréenne; tous ces éléments construisent un monde où règne une ambiguïté généralisée typique du réalisme magique d’Haruki Murakami dont la nouvelle Les granges brûlées est une des inspirations du film.

On détecte ainsi en toile de fond une série de schismes qui lacèrent la société coréenne. Schismes générationnels, économiques, idéologiques, sources d’une perte de repères vécue par un pan de la jeunesse, héritière de cette Corée contemporaine qui a dû, et doit toujours, depuis 1953 négocier avec la Chine, les États-Unis et la Corée du Nord pour déterminer son devenir.

Depuis qu’il a échangé sa plume pour la caméra, il y a de cela déjà plus de 20 ans, Lee Chang-Dong a été aux premières loges des bouleversements qui ont frappé sa nation. Il a su mettre les pouvoirs du cinéma au service de sa vision singulière des enjeux de la société coréenne. Il dresse ici un constat fort pessimiste : la jeunesse, bien que déterminée à trouver un sens aux contingences contemporaines, est constamment confrontée à des phénomènes dont le contrôle lui échappe. Ainsi sombre-t-elle doucement dans le désespoir, ou pire, le nihilisme. Nul carburant n’est meilleur pour enflammer le tissu social.

Sortie
Vendredi 7 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : coréem; s.-t.a. & s.-t.f.
Beoning
Burning : Les granges brûlées


Réal.
Lee Chang-dong

                                           Genre : Drame à sketches
                                           Origine(s) : Corée du Sud 
                                       Année :
2018 –  Durée : 2 h 28
                                                                
Dist.  
                                        Corporation Cinéma du Parc
                                         [ Diaphana / Well Go USA ]


Info.
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc 

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul
½ [Entre-deux-cotes]

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