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Consentement

25 décembre 2018

CRITIQUE
/ SCÈNE

| Élie Castiel |

★★★ ½

JE T’AIME… MOI NON PLUS

Le titre d’une chanson de Serge Gainsbourg pour exprimer les crises traversées par ces couples cultivés, des professionnels, à l’âge de tous les possibles; ces tentations qui peuvent parfois heurter, particulièrement lorsque l’homme et la femme sont confrontés à d’énormes problèmes d’éthique, de morale, de valeurs humaines, de fidélités et d’infidélités, de rancœur, de revanche et d’autres variations existentielles de la condition humaine.

Non, il ne faut pas raconter les détails du récit ou plutôt récits. Leurs faux pas risquent de changer leur vie, d’un coup, se retrouvant dans des univers parallèles où la banalité du quotidien est transformée en champ de bataille.

On aime quelqu’un et un peu plus tard quelqu’un d’autre. On s’aime, beaucoup, à peu près, pas du tout; on discute calmement puis on se déchire; on essaie la réconciliation, mais ça ne marche pas à tous les coups. L’infidélité est-elle un heurt dans la vie d’un couple? Où se situent les limites de l’acceptable ou de son contraire? Comment éviter l’inévitable? Dans ces débats, où sont les enfants?

Les femmes sont proches, s’entraident, mais dans les choses de l’amour, sortent leurs griffes quand il est question de soi. Les hommes sont plus proches, certes, mais lorsque leurs amis leur font des faux bonds, ou leur mentent, ils savent comment réagir. Face à leurs conjointes, un véritable jeu du chat et de la souris, un jeu d’adresse d’où tous sortent cependant perdants. Le texte de Fanny Britt (traduit de Consent, de Nina Raine) fait usage du québécois d’aujourd’hui, une langue libérée de toutes contraintes de la censure, essentiellement lorsque les individus se trouvent dans les sanctuaires de la vie privée. Tous ce qu’on appelait jadis les « gros mots » et les sacres de tout acabit sont prononcés, non pas gratuitement, mais régis par la colère, le pouvoir, l’envie d’en finir avec les maux.

Et puis une mise en scène de Frédéric Blanchette fidèle à ce qui se fait au théâtre aujourd’hui. Les changements de décors sont faits par les comédiens et comédiennes, comme si cette fonction (qui ne prend généralement que quelques secondes) faisait partie de leur jeu.

Le mouvement #MeToo (#MoiAussi) se trouve confronté directement à travers le vécu de personnages du milieu de la justice. A-t-elle consenti? A-t-il profité de l’occasion? S’agit-il d’un viol ou d’une relation physique non totalement consentie? Ces questionnements sont parfois laissés de côté par un texte qui se concentre essentiellement sur les relations de couple.

Le texte de Fanny Britt (traduit de Consent, de Nina Raine) fait usage du québécois d’aujourd’hui, une langue libérée de toutes contraintes de la censure, essentiellement lorsque les individus se trouvent dans les sanctuaires de la vie privée. Tous ce qu’on appelait jadis les « gros mots » et les sacres de tout acabit sont prononcés, non pas gratuitement, mais régis par la colère, le pouvoir, l’envie d’en finir avec les maux.

Mais qu’importe, le jeu en vaut la chandelle puisque ce sont ces questions sociales que nous devons aborder dans les années qui suivent, en attendant que les relations hommes-femmes (particulièrement hétérosexuelles) fassent leur chemin vers la bonne direction.

On constatera que du lot des comédiens, François Robitaille et Cynthia Wu-Maheu se démarquent par leur réalisme, particularité qu’ils transforment en tendresse, en un tour de main, comme par magie.

Soulignons que le jeu d’éclairage d’André Rioux manifeste les états d’âme des protagonistes, variant adroitement et sans agressivité les tonalités selon les divers contextes du récit.

Crédit photo : © Jean-Duceppe

Auteure : Nina Raine – Traduction : Fanny Britt – Mise en scène : Frédéric Blanchette – Assistance à la mise en scène : Andrée-Anne Garneau – Distribution : Anne-Elizabeth Bossé, Patrice Robitaille, Marie Bernier, Véronique Côté, David Savard, Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux – Décors : Marie-René Bourget Harvey – Éclairages  : André Rioux – Musique : Mykalle Bielinski – Costumes : Jennifer Tremblay – Production : DUCEPPE.

Durée
1 h 55
(Sans entracte)

Représentations
Jusqu’au 2 février 2019
Théâtre Jean-Duceppe

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.

★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

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