RÉSUMÉ SUCCINCT Dans le Paris de la Belle Époque, la petite Dilili, originaire de Nouvelle-Calédonie, fait la rencontre d’Orel, un jeune livreur en triporteur qui lui fait découvrir la ville en pleine effervescence culturelle, sociale et scientifique. Mais pendant ce temps, des fillettes sont enlevées par les Mâles-Maîtres, des individus malveillants qui vivent dans les égouts.
— CRITIQUE | Élie Castiel | ★★★ ½
DE GRÂCE ET DE COULEURS
Cinéma classique d’animation qui vaut son pesant d’or grâce aux ingrédients esthétiques toujours privilégiés par Michel Ocelot, maître dans le genre. Africaniste, il n’en demeure pas moins critique face à l’oppression d’un islam baigné d’intégrisme excessif et un Occident machiste, patriarcale, peu conciliant. Il n’est pas surprenant que le récit se passe au début du siècle dernier, à la Belle Époque, clin d’œil à aujourd’hui où le dialogue entre le Nord et le Sud prend pour son rhume.
Si les photos de l’époque se juxtaposent adroitement aux
tendances standardisées de l’animation, il en résulte une fable
magnifique sur le comportement de l’individu à travers
l’époque pré-moderniste, lançant des échos à notre présent, époque
qui, pour l’instant, semble avoir perdu ses repères.
Les intellectuels et hommes/femmes de sciences, comme Emma Calvé, Marie Curie, Pasteur, Toulouse-Lautrec, Louise Michel, Sarah Bernhard et autres influents de cette époque féconde mais incomprise sont représentés sous leur jour le plus chaleureux, mais également soulignant la solitude de l’artiste; transformant cette enquête policière menée pas une jeune afro-française (et son acolyte français) avec une fraîcheur ensoleillée, une gouaille bien calculée et une sens articulé du phrasé dans des zones narratives intéressantes,. On ne parle plus comme cela, mais cette pause nostalgique nous rappelle que la langue de Molière est la plus belle du monde et on se doit de la chérir.
Ocelot aborde des questionnements philosophiques, politiques et sociaux de la condition humaine. Il va droit au bout en proposant une film d’animation destiné à toutes les tranches d’âge. Belle stratégie de diffusion.
Si les photos de l’époque se juxtaposent adroitement aux tendances standardisées de l’animation, il en résulte une fable magnifique sur le comportement de l’individu à travers l’époque pré-moderniste, lançant des échos à notre présent, époque qui, pour l’instant, semble avoir perdu ses repères.
On sourit devant le caractère « vieux jeu » du film, mais mine de rien, ça fonctionne; on sort de la projection le cœur traversé par la grâce.
Réal. Michel Ocelot
— Sortie
Vendredi 21 décembre 2018
Langue(s)
V.o. : français ; s.-t.a. Dilili in Paris —