En salle

Shoplifters

25 décembre 2018

| PRIMEUR |
Semaine 51
Du 21 au 27 décembre 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
En périphérie de Tokyo, les membres de la famille Shibata survivent à la pauvreté grâce à leur débrouillardise et surtout par des vols à l’étalage Un jour, après avoir dérobé des denrées dans un supermarché, Osamu et son fils Shota trouvent dans une ruelle une petite fille, Yuri, cachée sous un abri de fortune.


COUP DE CŒUR
| Anne-Christine Loranger |
★★★★★

L’HUMANITÉ DANS UN REFLET DE VITRINE

Disons-le dès le départ, Hirokazu Kore-Eda est notre cinéaste préféré. De ceux qui exhalent encore leur souffle créatif sur cette planète, à tout le moins. Son cinéma, lumineux même dans ses moments les plus sombres, crie la vie dans ce qu’elle a de plus fragile, de plus dérisoire et de plus grandiose. Sa caméra capte l’infime du quotidien de gens très ordinaires pour le magnifier et le porter aux nues, un peu comme Victor Hugo l’avait fait pour ses personnages, prenant ici un pauvre sonneur de cloche, là un ancien forçat et les transformant peu à peu en héros.

L’empathie est la qualité primordiale des héros de Kore-Eda, qu’il contraste avec l’inhumanité de la société urbaine japonaise. Dans Shoplifters, cette qualité conduit une famille de voleurs à la tire à kidnapper/adopter Yuri, une petite fille de cinq ans maltraitée dans sa famille et à l’intégrer à leurs activités.

Montrer les liens qui se tissent dans le minuscule de l’existence,
voilà tout l’art de Kore-Eda. Un art dont il est l’un des maîtres mondiaux.

Point de misérabilisme dans ce film, pourtant, malgré la pauvreté des intérieurs paquetés d’objets où mord le froid d’hiver. On se serre les coudes, on s’entraide dans cette famille où tout le monde contribue à la survie commune : le père Osamu qui travaille sur les chantiers de construction tout en montrant à son fils Shota l’art du vol à la tire, sa compagne Nobuyo, qui repasse dans un nettoyeur en vidant au passage les poches des vestons, leur fille aînée Aki, effeuilleuse dans le strip-club local et jusqu’à la vieille grand-mère qui soutient de sa pension la famille de ses enfants. Le vol à la tire y gagne ici la noblesse de la survie.

Palme d’or
Festival de Cannes 2018

Kore-Eda excelle à diriger les enfants. Comme dans Nobody knows, qui portait sur groupe d’enfants abandonnés, la relation entre la petite Yuri et Shota, le garçon au visage grave, se crée au hasard des tribulations dans les rues, entre deux escamotages de paquets de nouilles. Le cinéaste s’attache à filmer le visage des enfants en gros plan, souvent de côté, ce qui permet de saisir leurs sentiments. Ceux où il montre le regard blessé de la délicate Yuri donne lieu à des moments troublants. « Les enfants qui n’ont pas été voulus deviennent souvent comme nous », affirme pensivement Noboyu à son mari. « Ils n’apprennent pas à penser aux autres ». Montrer les liens qui se tissent dans le minuscule de l’existence, voilà tout l’art de Kore-Eda. Un art dont il est l’un des maîtres mondiaux.

Réal.
Hirokazu Kore-eda

Sortie
Vendredi 21 décembre 2018

Langue(s)
V.o. : japonais ; s.-t.a. & s.-t.f.
Une affaire de famille / Tuan qi yu bao

Genre
Drame

Origine(s)
Japon

Année : 2018 – Durée : 2 h 01

Dist.
Métropole Films


Classement

Interdit aux moins de 13 ans

Info. @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
[ dès le vendredi 4 janvier 2019 ]
Cinéma du Parc
Cineplex


MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½
[Entre-deux-cotes]

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