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Hustlers

12 septembre 2019

PRIMEUR
| Semaine 37 |
Du 13 au 19 septembre 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Des stripteaseuses se lient d’amitié et décident de conjuguer leurs talents pour arnaquer et prendre leur revanche sur leurs riches clients de Wall Street. Leur plan fonctionne à merveille, mais argent et vie facile les poussent à prendre de plus en plus de risques.

| LE FILM de la semaine |
Élie Castiel

★★★★ 

Astucieusement $exy

À 50 piges, elle conserve toujours un corps sculptural qui détourne les regards des jeunes loups et des vétérans d’un Wall Street d’avant le krach financier de 2008. Jennifer Lopez (Ramona) assume une virilité féminine assurée, tout en préservant une humanité resplendissante, un savoir-faire assuré, un sens de l’amitié, comme chez la plupart des humains, prise entre la franchise authentique et, inconsciemment, un intérêt qu’on aura l’occasion d’utiliser quand l’occasion se présente ou l’exige.

Et derrière la caméra, une cinéaste qui a décidé, en se basant sur un article paru dans le New York Magazine, The Hustlers at Scores, écrit par Jessica Pressler, de raconter la femme.

Après le tiède Seeking a Friend for the End of the World (2012) et The Meddler (2015) un peu mieux accueilli, Lorene Scafaria, depuis toujours intéressée par l’écriture, adapte une nouvelle avec un doigté extraordinaire dont le sens de la narration est en soi-même le véritable centre d’intérêt.

Mais Hustlers est aussi, et sans doute particulièrement, un film politique. Comme dans les affaires, comme dans l’exercice de l’état. Tout est à vendre ou à attraper avant que quelqu’un d’autre ne le fasse : le pouvoir qu’on essaie de saisir, parfois de justesse, souvent en trichant, les femmes faciles (mais pas toujours) en payant, les rivaux qu’on élimine… Scafaria suit la stratégie de Ramona, un chasseresse grecque qui carbure au profit et souvent improvise comme s’il s’agissait d’un art en soi. Il n’y a plus de dominants et de dominés, d’actifs et de passifs. En fait, la femme contrôle la situation; l’homme totalement dépendant de l’alcool, de la drogue facile et de ses pulsions biologiques est prêt à succomber. Occasions idéales pour monter une affaire qui rapporte de l’or en barres.

Avouons que Hustlers est un film mainstream, mais un très beau film grand public. On parle un langage ordurier, mais c’est le cas dans les milieux représentés, on se bat pour réussir au plus vite. Et lorsque l’écrasement financier se présente du jour au lendemain, il faut créer des méthodes de survie au plus vite.

Dans le domaine du cinéma populaire, une magnifique proposition qui donne à réfléchir même si, et c’est bien comme ça, une étrange tristesse et une mélancolie soutenue traversent la fiction à quelques reprises, parfois bouleversantes. Soulignons la très belle performance de Constance Wu / Destiny, remarquée dans Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu. Habilement suggestif et glamoureusement coloré.

C’est avec un regard politique, social et féminin (non pas féministe) qu’il faut voir Hustlers, titre on ne peut plus provocateur, mais qui, paradoxalement, dénonce, approuve, met les points sur les i avec un raisonnement étonnant et, mine de rien, ne se sert pas de ces stripteaseuses comme des objets du désir, mais au contraire, comme des amazones de leur affranchissement dans la société des Humains.

Dans le domaine du cinéma populaire, une magnifique proposition qui donne à réfléchir même si, et c’est bien comme ça, une étrange tristesse et une mélancolie soutenue traversent la fiction à quelques reprises, parfois bouleversantes. Soulignons la très belle performance de Constance Wu / Destiny, remarquée dans Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu. Habilement suggestif et glamoureusement coloré

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 13 septembre 2019

Réal.
Lorene Scafaria

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 50

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Arnaque en talons

Dist. @
Entract Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Érotisme / Langage vulgaire ]

En salle(s) @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Il pleuvait des oiseaux

PRIMEUR
| Semaine 37 |
Du 13 au 19 septembre 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Tom, Charlie et Boychuck vivent leurs vieux jours en ermites dans la forêt de l’Abitibi-Témiscamingue. La seule personne qui connaît l’emplacement de leur refuge est le tenancier d’un hôtel peu fréquenté des environs. Lorsque celui-ci rencontre pour la première fois sa tante Gertrude, internée sans raison depuis 60 ans, il décide de l’aider à fuir l’institut psychiatrique en l’installant avec les trois vieillards.

| CRITIQUE |
Luc Chaputn

★★★ ½

Un écrin d’ombres et de lumières

Des volutes de fumée noire, des tourbillons de cendre vus à vol d’oiseau, des animations en noir parsemées de rouge construites frontalement forment un des leitmotivs de ce film auxquels répondent plus tard les peintures que Boychuck gardait précieusement dans son atelier à l’abri des regards de ses confrères.

Adapté d’un roman de Jocelyne Saucier paru en 2011 que je n’ai pas lu, le film, scénarisé par Louise Archambault, nous amène à croiser trois ermites dans le vert profond de la forêt boréale, magnifiée par la cinématographie de Mathieu Laverdière. L’emploi de Rafaëlle, une photographe volontaire interprétée par Ève Landry partie à la recherche de vieux témoins des feux dévastateurs du Nord-Ontario en 1916 pour en faire leurs portraits en vue d’une exposition, convie le spectateur par monts et par vaux vers ces hommes qui, retirés du monde pour diverses raisons, y vivent simplement en entraide et dans une liberté assumée.

L’arrivée de la photographe puis plus tard d’une Gertrude, fuyant un long enfermement, bouleverse le quotidien simple de Tom et Charlie. Rémi Girard, dont on avait rarement pu apprécier le talent de guitariste et de chanteur, capte en Tom un de ses meilleurs rôles en gars bourru, trouvant dans la chanson et l’alcool remèdes à son spleen.

Andrée Lachapelle apporte sa fragile luminosité à Marie-Deneiges qui découvre la vie en nature loin de l’emmurement et reprend ainsi goût à l’existence épaulée de diverses manières par Charlie. Gilbert Sicotte, jouant de sa voix grave et par petites touches, s’insère dans ce personnage rescapé d’une longue solitude. La réalisatrice Louise Archambault manie avec dextérité les quatuors, trios et duos et nous sert une très belle scène délicieusement érotique à laquelle on pouvait ne pas s’attendre. Hymne à la vie et au choix face à la mort, ce long métrage remet en premier plan le vécu complexe des personnes âgées.

La réalisatrice Louise Archambault manie avec dextérité les quatuors, trios et duos et nous sert une très belle scène délicieusement érotique à laquelle on pouvait ne pas s’attendre.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 13 septembre 2019

Réal.
Louise Archambault

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2019 – Durée : 2 h 07

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

And the Birds Rained Down

Dist. @
MK2 | Mile End

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

La fille du cratère

PRIMEUR
| Semaine 37 |
Du 13 au 19 septembre 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
L’Office national du film du Canada rencontre Yolande Simard Perrault, épouse et muse du défunt cinéaste Pierre Perrault, dans sa maison de Charlevoix
.

| CRITIQUE |
Denis Desjardins

★★★★

La « Rêveuse raisonnante »

On se souvient avec quel émerveillement le réputé scientifique Pierre Dansereau se penchait sur un terrain montagneux, dans le Grand Nord, en découvrant des plantes inconnues. C’était l’ouverture du film Quelques raisons d’espérer, en 2002. Avec un semblable intérêt, Yolande Simard-Perrault est ravie par la moindre fleur poussant le long d’un chemin de gravier, près de Saint-Hilarion, dans la région de Charlevoix. Ainsi débute La fille du cratère, documentaire consacré à cette archéologue que fut la compagne de Pierre Perrault pendant plus de cinquante ans. « Est-ce le pays qui m’a révélé la fille du pays ou la fille qui m’a révélé le pays? » se demandait un jour Pierre Perrault.

En tout cas, c’est bien elle qui a fait découvrir à l’universitaire montréalais qu’était Perrault la région charlevoisienne, et a nourri chez lui l’apprentissage de la nature et de ses beautés, ainsi que la notion d’appartenance au pays, présente dans toute son œuvre. Grâce à de magnifiques lettres et photographies précieusement conservées, Yolande fait revivre leur belle et tendre histoire.

Ainsi débute La fille du cratère, documentaire consacré à cette archéologue que fut la compagne de Pierre Perrault pendant plus de cinquante ans. « Est-ce le pays qui m’a révélé la fille du pays ou la fille qui m’a révélé le pays? » se demandait un jour Pierre Perrault.

Au fil de ses souvenirs, on apprend même qu’elle avait présenté à son mari, un peu par hasard, l’inoubliable Alexis Tremblay, qui deviendra le personnage pivot de la célèbre trilogie de l’Isle-aux-Coudres. En outre, plusieurs extraits des films de Perrault sont judicieusement intégrés à La Fille du cratère, film de parole, mais ponctué aussi de plans fixes du fleuve et de fleurs, ou l’on n’entend que le passage du vent.

Mentionnons qu’un autre film récent a été consacré à Yolande Simard-Perrault : L’avenir du passé, de l’Iranienne Mina Rad. Mme Perrault s’est éteinte le 1er juillet dernier, à l’âge de 91 ans.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 13 septembre 2019

Réal.
Nadine Beaudet
Danic Champoux

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Canada [Québec]

Année : 2019 – Durée : 1 h 16

Langue(s)
V.o. : français

La fille du cratère

Dist. @
ONF

Classement
Tous publics

En salle(s) @
[ Cinémathèque québécoise ]

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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