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L’heure de la sortie

15 août 2019

PRIMEUR
| Semaine 33 |
Du 16 au 22 août 2019
 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours?

< CRITIQUE >
Élie Castiel

★★★  ½

LES INNOCENTS

Dans un sens, assez étrangement, le second long métrage de Sébastien Marnier – deux sujets courts et un premier long, Irréprochable/2016), inédit ici – évoque Children of the Damned / Ces êtres venus d’ailleurs (1964), d’Anton M. Leader, dans la mesure où la notion de lieu atteint un degré de surréalisme angoissant (cadrage, quelques plans serrés, bruit des feuilles d’arbres, atmosphères nocturnes et diurnes partageant la même calme agitation, vent, visages inquiétants des adolescents concernés dans cette adaptation du roman de Christophe Dufosse. Entre les deux films, aux thèmes différents, le profond engouement pour l’ailleurs.

Dans le contexte du cinéma hexagonal, un bel exemple de maturité où la réflexion demeure la principale gageure du film, tout en soulignant l’apport remarquable de tous les comédiens.

Le tout pour atteindre un moment étincelant et dans le même temps hallucinatoire à la toute fin; dans un sens annonciatrice. Message d’autant plus pessimiste que Marnier, de toute évidence, fait rejaillir tout le long de ce film dérangeant une atmosphère toxique, jusqu’à nous donner la chair de poule, un esprit unique qui consiste justement à donner une certaine heure juste sur l’état du monde actuel et d’une nouvelle génération exceptionnelle, mise à part, voire même cynique devant l’héritage injuste de leurs aînés.

Un corpus social composé d’adolescentes et d’adolescents qui, loin de penser aux insouciances dues à leurs âges, subissent les contrecoups de la réflexion pubère, dépassant même les maîtres. Ils parlent en usant la métaphore comme arme de survie. La langue devient alors un arsenal on ne peut plus efficace.

Question-environnement, il s’agit d’un lieu clos, privilégié, fantomatique; une institution d’enseignement privée pour filles et garçons qui abritent différentes couleurs de peau et confessions religieuses. Kafka, elles et ils connaissent, cet auteur d’une œuvre abyssale qui renvoit à une vision du monde labyrinthique. Comme ce plan final qu’on ne dévoilera pas et qui, paradoxalement, conclut le film, malgré les apparences, en proposant le début de quelque chose de nouveau.

Dans le contexte du cinéma hexagonal, un bel exemple de maturité où la réflexion demeure la principale gageure du film, tout en soulignant l’apport remarquable de tous les comédiens.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 16 août 2019

Réal.
Sébastien Marnier

Genre(s)
Suspense

Origine(s)
France

Année : 2018 – Durée : 1 h 43

Langue(s)
V.o. : français

L’heure de la sortie

Dist. @
Axia Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Beaubien

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Le chant de la forêt

PRIMEUR
| Semaine 33 |
Du 16 au 22 août 2019
 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Ce soir, dans la forêt qui encercle le village, le calme règne. Quand les vivants s’endorment, la forêt se réveille. Ihjac, un jeune indigène Krahô vivant au nord du Brésil, fait des cauchemars depuis qu’il a perdu son père. Il marche dans l’obscurité, son corps en sueur se déplace avec précaution. Quand un chant lointain se fait entendre à travers les palmiers, c’est la voix de son père disparu qui appelle son fils à la cascade.

< SANS
COMMENTAIRES >

F  I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 16 août 2019

Réal.
Renée Nader Messora
João Salaviza

Genre(s)
Docudrame

Origine(s)
Portugal

Brésil

Année : 2018 – Durée : 1 h 54

Langue(s)
V.o. : portugais; s.-t.f.

Chuva É Cantoria Na Aldela Dos Mortos

Dist. @
Luxbox
[ Cinémathèque québécoise ]

Classement
NC
[ Non classé ]

En salle(s) @
Cinémathèque québécoise

Luce

PRIMEUR
| Semaine 33 |
Du 16 au 22 août 2019
 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Amy et Peter Edgar sont les parents adoptifs de Luce, élève modèle, premier de classe et vedette de l’équipe sportive de son école. L’adolescent, au passé tragique, est désormais une source d’inspiration pour les gens de sa communauté et pour ses proches. Ainsi, lorsque Harriet Wilson, enseignante, partage avec Amy les préoccupations graves qu’elle nourrit concernant le comportement de son fils, celle-ci est prise au dépourvu.

< CRITIQUE >
Élie Castiel

★★★★ 

LIENS FREUDIENS

Après plusieurs courts métrages et deux longs plutôt mal accueillis par la critique, The Girl Is in Trouble (2016) et The Cloverfield Paradox (2018), Julius Onah ne prend plus aucun risque en adaptant la pièce éponyme à succès du répertoire contemporain américain, signée J.C. Lee.

Le pouvoir des mots, leurs significations, leurs ambiguïtés, leurs trahisons et incongruités. Parler pour ne rien dire ou, comme ici, rendre le message encore plus provocant car sujet à de nombreuses interprétations.

La version cinématographique de Luce, qui signifie en italien « lumière », car en espagnol c’est plutôt « luz » (comme on appelle le personnage dans le film), est l’exemple typique du cinéma d’auteur américain contemporain dans la mesure où l’intellect est mis à rude épreuve autant chez les protagonistes que chez les spectateurs. Luce est un film en perpétuel combat.

Nous devons, comme les personnages, composer avec une intrigue qui tout en suivant une approche linéaire du récit, ne cesse de nous renvoyer à l’idée qu’on peut se faire de la réalité, la proche, celle que l’on peut sentir quotidiennement, mais dans le même temps, celle qui se cache sournoisement pour donner lieu à des situations quasi kafkaïennes du monde.

Luce Edgar, dans un sens, c’est le transfuge, l’Africain devenu afro-américain par adoption, de parents blancs. D’où le scénario coécrit entre Onah et Lee qui ne cesse de questionner l’importance des paroles et des origines perdues. On se retrouve seul dans un monde qui n’est pas le nôtre et qu’on doit construire.

Ce qui amène à la froideur glaciale de la mise en scène, empreinte de situations entre l’excessif et la calme anxiogène car il se répand dans chaque geste. La vérité et la réalité n’existe pas en un seul plan car ce sont des notions qui ne cessent de s’altérer ou de transmuter comme des maladies chroniques.

Luce est l’illustration d’un rêve éveillé difficile à interpréter. Lucide, passionnément exigeant.

Effectivement, Luce est un film clinique, mis en situation(s) comme s’il s’agissait d’une expérience de laboratoire scientifique. Pour rendre cette atmosphère et ces récits narratifs proches de la psychanalyse freudienne, crédibles, des comédiens totalement convaincus de leurs personnages, particulièrement le prometteur Kelvin Harrison Jr. et la magistrale, comme toujours, Octavia Spencer, une des plus brillantes actrices de sa génération.

Luce est l’illustration d’un rêve éveillé difficile à interpréter. Lucide, passionnément exigeant.

F I C H E
TECHNIQUE

Sortie
Vendredi 16 août 2019

Réal.
Julius Onah

Genre(s)
Suspense psychologique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 50

Langue(s)
V.o. : anglais

Luce

Dist. @
Entract Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes

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