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Late Night

14 juin 2019

PRIMEUR
| Semaine 24 |

Du 14 au 21 juin 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Katherine Newbury est une pionnière et une légende parmi les animateurs d’émissions de fin de soirée. Lorsqu’elle est accusée d’être une « femme qui hait les femmes », elle décide de corriger la situation au plus vite. Aussitôt, Molly est engagée, la seule femme parmi tous les auteurs de l’équipe de Katherine.

< Brève >
Pascal Grenier

★★

Entre les coulisses

Surtout connue dans le milieu télévisuel, la comédienne et scénariste américaine d’origine indienne Mindy Kaling (A Wrinkle in Time, Inside Out) puise son inspiration dans son passé de scriptrice (The Office, The Mindy Kaling Project) avec Late Night, une comédie douce-amère sur les coulisses de la télévision. Bien intentionnée, Kaling cherche à souligner la condition féminine et prône la diversité culturelle dans un milieu où le chauvinisme masculin est encore trop présent. Mais il faut plus que de bonnes intentions pour réaliser un bon film avec un sujet d’actualités aussi forts que ce dernier. Peu crédible, l’idée de départ farfelue semble tout droit sortie du célèbre Trading Places. Et pour une comédie qui se situe dans le milieu cinglant des Late Night Show, on ne peut pas dire que les joutes verbales soient particulièrement drôles ou acerbes. On rit peu en fait et mis à part quelques fines observations ci et là, on demeure toujours en surface au lieu d’un regard incisif sur le milieu (disons qu’on est très loin de Network de Sidney Lumet). Moralisateur à souhait, le déroulement de l’intrigue est archi prévisible et le film souffre d’un (trop) plein de bons sentiments alors que la réalisation Nisha Ganatra (Chutney Popcorn) peine à se démarquer du style sitcom. Heureusement qu’il y a Emma Thompson qui offre une performance impeccable malgré tout.

… pour une comédie qui se situe dans le milieu cinglant des Late Night Show, on ne peut pas dire que les joutes verbales soient particulièrement drôles ou acerbes.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 14 juin 2019

Réal.
Nisha Ganatra

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
États-Unis

Année : 2019 – Durée : 1 h 43

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

Fin de soirée

Dist. @
Les Films Séville

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Le mystère Henri Pick

 PRIMEUR
| Semaine 24 |

Du 14 au 21 juin 2019

 RÉSUMÉ SUCCINCT
Daphné Despéraux, éditrice chez Grasset, découvre un chef-d’œuvre inédit dans une bibliothèque de Bretagne où sont conservés des manuscrits ayant essuyé un refus de publication. L’auteur, un restaurateur nommé Henri Pick, est malheureusement décédé depuis quelques années. Sa veuve et sa fille ignoraient tout de ce roman, mais autorisent la publication en mémoire du défunt. Le livre fait un tabac. Cependant…

< Critique >
Luc Chaput

★★★

RÉJOUISSANT JEU DE PISTES

Un animateur d’émission littéraire télévisée insulte la mémoire d’un auteur récemment publié et perd son emploi. Jean-Michel Rouche est certain que ce restaurateur Henri Pick n’a pas écrit Les dernières heures d’une histoire d’amour.

Dans cette enquête policière à Paris et dans une presqu’île bretonne, le réalisateur Rémi Bezançon et sa conjointe et coscénariste Valentine Portal adaptent le roman éponyme de David Foenkinos et s’amusent à égratigner le milieu de l’édition souvent plus intéressé par le coup de pub, le roman du roman et le renvoi d’ascenseur que par la valeur effective des écrits proposés1.

Bezançon et Portal incluent un aspect documentaire sur les recherches en bibliothèques et dans les archives et créent des fausses pistes dont un détour dans un distrayant club de lecture. Fabrice Luchini et Camille Cottin, en Jean-Michel et Joséphine, la fille d’Henri Pick, forment un couple improbable mais parfaitement assorti échangeant des bulles d’humour plus ou moins acide avec adresse. Fabrice Luchini en fait un peu trop par moments mais cela convient à son personnage d’étoile de la critique littéraire.

La mise en scène souple joue des contrastes lumineux et plus sombres entre les perspectives fermées de Paris et celles ouvertes de la province où la vie prend son petit bonhomme de chemin.

Le scénario reprend avec justesse l’idée de la Bibliothèque des manuscrits refusés que Foenkinos (La délicatesse) a empruntée à un lieu majeur du roman de Richard Brautigan The Abortion: An Historical Romance et qui depuis existe véritablement à Vancouver, une ville de l’état de Washington. La mise en scène souple joue des contrastes lumineux et plus sombres entre les perspectives fermées de Paris et celles ouvertes de la province où la vie prend son petit bonhomme de chemin. Certains indices trouveront bonne oreille auprès de spectateurs plus attentifs car l’énigme vaut le détour.

1 Parmi les cas célèbres de manuscrits refusés, A Confederacy of Dunces (La conjuration des imbéciles) de John Kennedy Toole fut publié onze ans après le suicide de son auteur dépité d’avoir son œuvre refusée. Il gagna alors le prix Pulitzer.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 14 juin 2019

Réal.
Rémi Bezançon

Genre(s)
Comédie

Origine(s)
France

Belgique

Année : 2018 – Durée : 1 h 41

Langue(s)
V.o. : français / s.-t.a.

The Mystery of Henri Pick

Dist. @
A-Z Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.   Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Les sept dernières paroles

PRIMEUR
| Semaine 24 |

Du 14 au 21 juin 2019 

RÉSUMÉ SUCCINCT
Exploration autour des états expérientiels et les rituels propres au genre humain, à partir des sept thèmes dictés par un oratorio: le pardon, l’acceptation, la relation, l’abandon, la détresse, le triomphe et la vie après la mort

< Coup de CŒUR >
Élie Castiel

★★★★ ½

LE TEMPS ET L’ATTENTE

En 1982, il y a bien longtemps, Koyaanisqati (Life Out of Balance) défie l’expérience du regard. Film sans dialogue. Simplement des images de notre monde et de notre activité et la relation entre ces deux concepts. Parmi les autres essais sur le temps et la vie sur Terre, deux autres parties s’ajoutent au premier film cité, Powaqqatsi / Life in Transformation (1988) et Naqoyqtsi / Life as War (2002).

Impossible de ne pas penser à ces films dès les premières images de ces Sept dernières paroles, essai expérimental collectif à partir de l’oratorio de Franz Joseph Haydn, Les sept dernières paroles du Christ en croix. Unique comparaison avec Reggio, puisque les sept cinéastes impliqués ont chacune, chacun, choisi un extrait de la pièce musicale, mais dans sa continuité et selon le thème, jonglant avec le médium qu’elles/ils professent selon leur propre idée du sujet traité.

Cette liberté, on la sent à chaque détour. Elle s’assume, laissant libre cours non seulement à l’imagination, mais plus exactement au rapport entre l’image et la caméra, ce lien intime unique, sensoriel, sensuel même.

Il en résulte un poème visuel étrange, éthérée, d’une beauté plastique majestueuse. Mais ce qui frappe davantage, c’est la sérénité de l’ensemble même si certaines séquences, comme celles du début, montrant un rituel religieux en Iran, se passe de tout commentaire, mais là où la caméra affiche son obsession autant pour les gestes de la théâtralité et les visages des spectateurs, surtout des spectatrices, cachant leurs yeux, versant parfois quelques larmes coupables devant cette violence esthétisée. C’est sans doute la partie la plus intéressante du film car la mise en scène révèle ses aspérités, sa raison d’être et son rapprochement avec le réel.

Mais nous prépare aussi pour la suite, entre le verbe non-dit, silencieux, muet, mais qui veut dire mille et une choses. Ces personnages de la vie, des non-professionnels, pris au hasard, sauf dans quelques séquences – devinez lesquelles – où les actrices et les acteurs jouent à… selon le thème en question.

Mais il y a surtout un travail de caméra extraordinaire et sa fascination pour le plan. Car dans Les sept dernières paroles, on n’a jamais parlé autant de cinéma, de sa fonction première, de son intrusion dans le quotidien et dans la corporalité. Pour des raisons qui nous échappent, le film interpelle parfois Godard, Cavalier et sans doute d’autres esthètes des images en mouvement.

Kaveh Nabatian et ses six autres cinéastes ouvrent une parenthèse aussi énergique qu’étonnante dans l’imaginaire du cinéma québécois.

Autre thème qu’aborde cet proposition collective, le corps. Et comment dire? : le corps dans tous ses états, d’âme et physiques. Les membres du Callino Quartet, qui sera le sujet d’une partie du film, repose le regard du spectateur devant tant de beauté, la caméra les filme de façon conventionnelle, comme pour nous ressourcer avant de poursuivre ce voyage inusité. Avant tout, Les sept dernières paroles, c’est du cinéma dans le cinéma, c’est de la musique classique, donc indémodable, éternelle lorsqu’elle s’insère dans la vie.

Mais c’est aussi un regard sur notre monde, de la naissance à la mort, de ce qui nous retient ici-bas malgré les forces de la nature, les dangers incessants. Sans doute, cette image d’enfant naissant au visage crispé qui apprend difficilement à ouvrir les yeux sur un lieu imprévisible qu’il lui faudra, malgré lui, ou plutôt affectueusement, découvrir. C’est un film exigeant, mais à la fois transcendant sur le temps, le mouvement et l’attente.

Kaveh Nabatian et ses six autres cinéastes ouvrent une parenthèse aussi énergique qu’étonnante dans l’imaginaire du cinéma québécois.

 

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 14 juin 2019

Réal.
Juan André Arango Garcia
Sophie Deraspe, Sophie Goyette
Karl Lemieux, Ariane Lorrain
Caroline Monnet, Kaveh Naba
tian

Genre(s)
Expérimental

Origine(s)
Québec

[ Canada ]

Année : 2019 – Durée : 1 h 13

Langue(s)
Sans dialogue

The Seven Last Words

Dist. @
Maison 4tiers

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Musée
Cinéma Moderne

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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