RÉSUMÉ SUCCINCT Rescapée du massacre des yézidis perpétré par les milices de l’État islamique, Bahar dirige une unité paramilitaire composée de femmes kurdes. Dans l’espoir de retrouver son fils enlevé par les djihadistes, elle lance une attaque sur la ville de Gordyène contrôlée par les talibans.
— CRITIQUE | Élie Castiel |
★★★
COMBAT ROMANESQUE
Dans le genre, Private War, premier long métrage de Matthew Heinemann, mieux reçu par la critique que par le public, brossait un portrait saisissant du métier de reporter de guerre au fémininin, inspiré de faits réels. Même détail (incluant l’œil gauche perdu au combat de la journaliste de conflit). Mais ici, l’ajout de l’approche fémininiste conçue par Eva Husson, de l’inédit au Québec, Bang Gang (Une histoire d’amour moderne), 2015, limite la narration en la privant de divers points de vues susceptibles d’éclairer sur le sujet.
On n’aura de l’intérêt que pour la formidable Golshifteh Farahani, sans doute interdite d’accès dans son propre pays, l’Iran, sous peine de… Elle est de presque toutes les scènes, convaincue de son rôle, passant d’une langue à l’autre, incluant le français, avec une facilité déconcertante.
Et puis, la bande son, que la plupart des chanceux critiques qui couvrent Cannes (ça n’a jamais été le cas de l’auteur de ces lignes en plus de trois décennies) on trouvé omniprésente. À moins d’être sourd d’oreille, je n’ai pas bien saisi ce détail – ou peut-être bien qu’il suffit qu’un critique influent le dise pour que la plupart des autres le répètent.
Belle direction photo de Mattias Troelstrup (plusieurs courts à son actif) et The Forest (2015), qui filme les lieux selon une approche du conflit entre l’attente et la terreur.
Belle direction photo de Mattias Troelstrup (plusieurs courts à son actif) et The Forest (2015), qui filme les lieux selon une approche du conflit entre l’attente et la terreur. Il s’agit ici non pas d’un film de guerre au sens traditionnel, mais d’une sorte d’essai visuel sur le sujet. Les hommes au combat préfèrent parfois boirent du thé plutôt que de combattre (un peu exagéré!) alors que les femmes, elles, luttent pour la liberté, elles-mêmes et la vie (pour ne pas reprendre la publicité dans l’affiche du film). Étrange sensation que procure ce film atypique.
Nous sortons de la projection perdus, disloqués par les nombreuses et surprenantes prises de position narratives qui peuvent laisser indifférent, mais qui au fond, parviennent à suggérer une nouvelle forme de récit où les faux raccords et autres erreurs de parcours ne sont pas nécessairement des points à souligner négativement, mais des réalités cinématographiques. Déstabilisant, mais intéressant, justement pour cette raison. C’est, dans un sens, un film de guerre romanesque.
Réal. Eva Husson — Sortie
Vendredi 4 janvier 2019
Langue(s)
V.o. : multilingue ; s.-t.f. &
s.-t.a. [ dès le ven 11 jan 2018 ] Girls of the Sun —
Genre : Drame de guerre
Origine(s)
France / Belgique
Géorgie / Suisse
Année : 2018 – Durée : 1 h 51
Dist.
Les Films TVA —
Classement Interdit aux moins de 13 ans [ Violence]