Séquences – La revue de cinéma

En salle

Gloria Bell

21 mars 2019

| PRIMEUR |
Semaine 12
Du 22 au 28 mars 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Divorcée depuis douze ans, Gloria est arrivée à la cinquantaine sans avoir refait sa vie. Ses deux enfants, d’âge adulte, n’ont pas beaucoup de temps à lui consacrer. Pour tromper son ennui et rencontrer des gens de son âge, elle sort en boîte de nuit. Un soir, elle fait la connaissance d’Arnold, propriétaire d’un centre d’amusement, divorcé et père de deux grandes filles.

CRITIQUE
| Élie Castiel |

★★★

AFFECTION

Nous sommes en droit de nous dermander pourquoi un reprise made in USA de Gloria, œuvre charmante sortie en 2013 sous la bannière chilienne. Le même réalisateur, après avoir signé des films beaucoup plus édifiants, Une femme fantastique et Disobedience, semble avoir fait un film pour simplement tourner avec Julianne Moore, une sorte de cadeau offert à l’actrice américaine.

De son côté, celle-ci se montre totalement investie dans un rôle de personnage actuel. Le divorce, la solitude comme conséquence, la superficialité des liens amoureux, comme si les échanges charnels constituaient la principale raison des nouveaux rapports amoureux. Au diapason de son époque, Gloria Bell montre aussi une Amérique de la haute classe moyenne en déroute. Déçu par la politique actuelle qui, indirectement affecte leur vie intime. En filigrane, on sent cette incidence dans le film.

Car en fin de compte, autant la version chilienne que sa mouture américaine, Gloria Bell, le film de Sebastián Lelio est surtout une réflexion sur le vide existentiel, sur la peur de se donner entièrement… Bouleversant.

Il y a, par exemple, une sensation de vide qui se voit même dans les endroits achalandés où se trémoussent ou encore frétillent ces corps d’hommes et de femme à la recherche d’un autre improbable. On retiendra la présence charismatique est attendrissante d’une Julianne Moore, constamment éprise de l’art qu’elle pratique. Et John Turturro, trop absent des écrans, entre le désir de refaire sa vie et la crainte de l’imprévu qu’on peut saisir à l’âge de la maturité.

Car en fin de compte, autant la version chilienne que sa mouture américaine, Gloria Bell, le film de Sebastián Lelio est surtout une réflexion sur le vide existentiel, sur la peur de se donner entièrement. Et peut-être que les changements sociaux, technologique et politiques sont les véritables fautifs de nouvel environnement. En attendant que passe le poids des années pour finalement partir, heureux ou pas. Bouleversant.