14 mars 2019
| PRIMEUR |
Semaine 11
Du 15 au 21 mars 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
De son domicile de Jaffa, en Israël, Ziva Postec se remémore sa collaboration, à titre de chef monteuse, à la production du documentaire Shoah, du réalisateur Claude Lanzmann. Il lui aura fallu six années, de 1979 à 1985, pour arriver à synthétiser, à partir de quelque 350 heures de prises de vue, les entrevues réalisées avec des survivants et des témoins de l’Holocauste.
Simplicité. Imagination. Sens de l’observation et de ce que l’on doit retenir ou pas au montage. Des moments où règne aussi l’incertitude, le désarroi. Supporter les sautes d’humeur d’un grand réalisateur, individu pas toujours commode, exigeant, égocentrique et peut-être ainsi car c’est souvent cela qui mène à la création.
Le film récent de Catherine Hébert (Carnets d’un grand détour, 2012) est bouleversant. Non seulement dû à son sujet, mais plus que tout, parce qu’il s’incruste intimement, mais avec pudeur, dans la vie d’une femme, monteuse de métier qui, avec ce qui semble son premier essai, et pas le moindre, dans le genre documentaire, s’attache au sujet, le comprend car elle-même issue de ce peuple de la mémoire. Elle dira qu’à un moment, alors en Israël, elle ne voulait plus être juive et avait décidé d’aller en France et, bien entendu d’apprendre la langue.
Comme professeur, c’est Isabelle, le roman d’André Gide, qui l’a introduit aux mots de Molière. Plus tard, un hasard la conduit dans le monde du cinéma, comme monteuse. Aujourd’hui, elle continue ce métier en Israël. Elle croit encore au judaïsme, non pas comme religion organisée, mais comme philosophie. C’est sans doute cela, inconsciemment, qui l’a menée à réussir un montage aussi adroitement efficace dans sa continuité dans ce film majeur du 20e siècle, Shoah, de Claude Lanzmann.
Avec Ziva Postec… Catherine Hébert démythifie l’excercice du montage en le situant parmi les actes nobles et bien sûr essentiels de la production cinématographique malgré, parfois, les risques encourus. Avec Postec comme sujet, elle ne fait que ratifier avec force et embellie sa belle proposition.
Mais il y a aussi Catherine Hébert qui se penche sur cette femme remarquable. Les plans choisis, en dehors des quelques têtes parlantes, fort intéressantes, soulève en filigrane, par association d’idées, le passage entre la pellicule, le 35 mm et les nouvelles formes de tournage, sans nécessairement les montrer. Mais Ziva Postec : La monteuse derrière le film Shoah est aussi un geste d’amitié, une tendre association entre une réalisatrice et une monteuse. Quel beau travail d’Annie Jean, agissant en tant que monteuse d’Hébert, comme une mise en abyme physique, totalement inspirée par le sujet.
Et puis, quelque chose de brillant dans les mots de la principale intéressée : pour Ziva Postec, travailler avec Claude Lanzmann, c’était aussi sentir le pouvoir immense de son métier, particulièrement lorsqu’on apprend que le cinéaste n’était pas vraiment un homme de cinéma, mais journaliste; la plupart de ses films en témoignent, tous portant sur la judaïcité d’un point de vue médiatique (et personnel). Une façon comme une autre d’aborder le travail de mémoire par le biais du cinéma. Avec Ziva Postec… Catherine Hébert démythifie l’excercice du montage en le situant parmi les actes nobles et bien sûr essentiels de la production cinématographique malgré, parfois, les risques encourus. Avec Postec comme sujet, elle ne fait que ratifier avec force et embellie sa belle proposition.
FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 15 mars 2019
Réal.
Catherine Hébert
Origine(s)
Québec [ Canada ]
Année : 2018 – Durée : 1 h 30
Genre(s)
Documentaire
Langue(s)
V.o. : multilingue / s.-t.f. & anglais
Ziva Postec
Ziva Postec: The Editor Behind the Film Shoah
Dist. @
Les Films du 3 mars
—
Classement
Tous publics
Info. @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
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