18 avril 2019
Semaine 16
Du 19 au 25 avril 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Diamantino, icône absolue du foot, est capable à lui seul de déjouer les défenses les plus redoutables. Alors qu’il joue le match le plus important de sa vie, son génie n’opère plus. Sa carrière est stoppée net, et la star déchue cherche un sens à sa vie.
Quelque chose d’agréablement étrange et sensuel émane de cette coréalisation entre deux jeunes cinéastes nés aux États-Unis la même année, 1984, donc 35 ans. Également coscénaristes d’une fable sur l’état des lieux du monde, en politique, en vie sociale, en sexualité, en tout ce qui concerne l’Humain.
Sans oublier la femme, pour certains injustement montrées sans doute comme une prédatrice du pouvoir, ayant imité les mauvaises habitudes des hommes d’un passé pas si lointain, ceux de la génération pré-#MoiAussi. Sauf à la toute fin où la « théorie du genre / Gender theory » prend des allures à la fois surprenante et, ironiquement, amusante, selon notre rapport au corps, atteignant en quelque sorte un équilibre au profit de la femme. Adam et Ève déconstruits. Le Sixième jour biblique remit en question, comme s’il fallait réinventer le monde. Pourquoi pas ?
Car Diamantino, c’est aussi un film sur le corps politique, c’est-à-dire sur le lien qui l’unit au vedettariat (magnifiques séquences de foot où ne pas réussir un but est un acte criminel pour la foule) ; c’est aussi dépendre des autres (les sœurs néfastes) qui ne jurent que par l’appât facile et immédiat du gain ; c’est aussi faire partie, sans en être conscient, d’actes de manipulation, de fraudes fiscales, de tout ce qui fait respirer notre monde actuel avec la bénédiction des États.
Oui, Diamantino, vu sous l’angle de la fable sociopolitique, nous ramène à une idée du monde intelligemment analysée et vu sous l’angle de la mise en scène, se permet quelques faux pas, en revanche assumés avec une tendre allégresse, parfois naïve, au diapason du personnage principal.
Mais c’est aussi la présence d’un comédien exceptionnel, Carloto Cotta, aux formes sculpturales d’un Dieu grec que Schmidt et Abrantes homoérotise expressément avec un goût raffiné de l’attrait et de l’affect originel. Et au jeu exigeant mené magistralement, pris entre une adolescence qui ne tient pas à rompre avec la vie et la réalisation à la fin, d’un sentiment difficile à comprendre et à exprimer : l’amour.
Oui, ce sentiment affectif que les deux cinéastes pensent trop absent du monde. La cause : la technologie envahissante, le pouvoir des médias électroniques, le progrès, dont on a besoin, certes, mais qui traverse les courants sociaux, politiques et individuels à une vitesse lumière inimaginable. Mais surtout, ils se veulent les porte-paroles d’une critique de ce courant néfaste de populisme qui menace le monde de profonde régression.
Oui, Diamantino, vu sous l’angle de la fable sociopolitique, nous ramène à une idée du monde intelligemment analysée et vu sous l’angle de la mise en scène, se permet quelques faux pas, en revanche assumés avec une tendre allégresse, parfois naïve, au diapason du personnage principal. Mais nous sommes portés à être indulgents tant les deux jeunes réalisateurs, après de nombreux courts sujets, signent ensemble un premier long métrage d’une sincère et attachante originalité. Grand prix Nespresso de la Semaine de la critique à Cannes 2018 hautement bien mérité.
FICHE TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 19 avril 2019
Réal.
Gabriel Abrantes
Daniel Schmidt
Origine(s)
Portugal / Grande-Bretagne
Brésil
Année : 2018 – Durée : 1 h 37
Genre(s)
Drame
Langue(s)
V.o. : portugais / s.-t.a.
Diamantino
Dist. @
MK2 / Mile End
—
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma du Parc
Cinéma Moderne
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.