En salle

Asako I & II

16 mai 2019

| PRIMEUR |
Semaine 20
Du 17 au 23 mai 2019

RÉSUMÉ SUCCINCT
Lorsque son premier grand amour disparaît, Asako est désemparée. Deux ans plus tard, elle rencontre son double parfait. Troublée par cette étrange ressemblance, elle se laisse séduire mais découvre peu à peu un jeune homme avec une toute autre personnalité.

< CRITIQUE >
Jean Beaulieu
★★★

VESTIGES DE L’AMOUR

On a découvert Ryūsuke Hamaguchi l’an dernier avec son magnifique film-fleuve Happy Hour, livré en trois parties, où l’on suivait le parcours de quatre amies au seuil de la quarantaine. Présenté en compétition officielle à Cannes en 2018, Asako I & II, sous ses airs de bluette post-adolescente, révèle une facette un peu plus commerciale du réalisateur.

Néanmoins, le récit décortique un personnage féminin plus complexe qu’il n’y paraît, forcé de trancher entre deux amours, l’un passionnel et l’autre raisonné. D’ailleurs, le cinéaste trace un parallèle subtil entre les deux rencontres amoureuses : le coup de foudre de la première idylle est accompagné de pétards que font éclater des gamins (émoi instantané), tandis que le rapprochement plus rationnel de la seconde se produit au moment d’un séisme qui secoue Tokyo et le Japon (aux conséquences plus durables).

Curieusement, si les scènes de couple se révèlent plus banales (à part la finale, très réussie, et celle de la « réapparition » quasi fantomatique de Baku, l’amour de jeunesse d’Asako, où le film s’approprie les codes du film d’horreur), les scènes de groupe, à quatre personnages ou plus, sont davantage significatives.

Par exemple, la soirée où les nouveaux amants potentiels se réunissent avec un collègue du jeune homme chez Maya, l’amie comédienne d’Asako, discutant de théâtre et de jeu, le tout filmé comme si on assistait justement à une représentation théâtrale, scellera les affects et les destins des personnages. L’autre scène, plus spectaculaire et inattendue, montre l’irruption de Baku qui remue la jeune femme au plus profond de ses convictions sentimentales, amenant celle-ci, jusqu’alors passive, à devenir moteur de l’action (d’où, peut-être, la signification du titre). De même, l’intrigue progresse d’un calme relatif à une intensification des enjeux dramatiques.

Maîtrisant l’art du dialogue (notamment dans les scènes de groupe) et de l’ellipse, comme en témoignent ces sauts dans le temps (deux et sept ans) et l’espace (Osaka, Tokyo et la région sinistrée de Tohoku, voisine de la centrale nucléaire de Fukushima), Hamaguchi, à 40 ans, impose au cinéma japonais sa voix singulière, avec laquelle il faudra désormais compter.

la soirée où les nouveaux amants potentiels se réunissent avec un collègue du jeune homme chez Maya, l’amie comédienne d’Asako, discutant de théâtre et de jeu, le tout filmé comme si on assistait justement à une représentation théâtrale, scellera les affects et les destins des personnages.

FICHE TECHNIQUE
Sortie
Mardi 21 mai 2019

Réal.
Ryūsuke Hamaguchi

Origine(s)
France

Japon

Année : 2018 – Durée : 2 h

Langue(s)
V.o. : japonais / s.-t.a. & s.-t.f.

Netemo sametemo

Genre(s)
Drame sentimental

Dist. @
MK2 / Mile End

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Moderne

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel.  ★★★★ Très Bon.  ★★★ Bon.
★★ Moyen.  Mauvais. 0 Nul.
½ [Entre-deux-cotes]

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