30 août 2019
PRIMEUR
| Semaine 35 |
Du 30 août au 5 septembre 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Frédéric, professeur de philosophie, tente d’enseigner à des étudiants peu intéressés des notions d’éthique. Pendant ce temps, Éloïse, concierge de l’école, arpente les couloirs, préoccupée par les agissements de sa fille de 16 ans qui lui cause de nombreux soucis.
Déjà, l’affiche du film ressemble à une promesse intellectuelle, dépassant la simple pensée, l’anecdote banale; pour Onur Karaman, sans aucun doute une façon comme une autre de dépasser ses deux premiers longs métrages, La ferme des humains (2014) et Là où Atilla passe (2015), tous deux pavés de bonnes intentions, mais dans le cas du deuxième, n’arrivant pas à concilier le « nous » et les « autres » de façon habile, sentie et convaincante. Quoi qu’il en soit, Le penseur d’Auguste Rodin comme stratégie publicitaire pour Le coupable, séduit le futur spectateur qui s’attend à un film qui réfléchit et le prend au sérieux.
La durée aussi, 75 minutes, compte. Des moments au cours desquels l’essentiel est dit et montré. Le film choral prend son envol dans une sorte de machinerie de mise en scène qui consiste à éviter toutes ces parties inutiles de la fiction. La classe de Fred, prof de philo, n’est-il pas le point central du film, celui où les idées de Karaman sont transmises et se reflètent comme un effet miroir chez les autres protagonistes? Se retrouver, retrouver les autres, douter de quelqu’un, se rendre compte de son innocence. Ou l’est-ce bien? Ce film est aussi sur l’attrait et son contraire, sur la manipulation et l’obéissance.
Effectivement, Le coupable est une expérience abstraite qu’on se plaît à contempler, comme une étoile filante ne durant que l’espace d’un moment fugace, voire même transitoire, mais assez pour que notre aventure du regard se transforme en une expérience cinématographique digne de ce nom.
Si dans Là où Atilla passe, Onur Karaman abordait en ligne directe le thème de l’intégration à l’intérieur d’un Québec urbain encore peu conscient de la différence, ici, en revanche, il assume sa présence, ne se pose aucun question. Onur Karaman vit sa réalité de cinéaste québécois, tout comme, par exemple, Ferzan Özpetek, vit sa germanité même si né en Turquie. Seuls les personnages comptent.
Film de sens, de spiritualité, de zones grises, de rapports conflictuels avec l’âme et le processus fragile du raisonnement, Le coupable bénéficie de la présence de comédiennes et de comédiens qui croient fermement en cette aventure courageuse…
Ce sont des Québécois qui vivent leur identité géographique de plein fouet, frontalement. Leurs problèmes existentiels est ce qui les dérangent. Le film ressemble ainsi à une courte nouvelle expressément écrite pour l’écran. Des histoires qui s’entrechoquent pour laisser proposer une fin en forme d’interrogation. Et tant mieux.
Film de sens, de spiritualité, de zones grises, de rapports conflictuels avec l’âme et le processus fragile du raisonnement, Le coupable bénéficie de la présence de comédiennes et de comédiens qui croient fermement en cette aventure courageuse qui ajoute avec fermeté des lettres de noblesse à notre cinéma. Karaman en sort gagnant.
FICHE
TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 30 août 2019
Réal.
Onur Karaman
Genre(s)
Drame
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2019 – Durée : 1 h 15
Langue(s)
V.o. : français
Le coupable
Dist. @
K-Films Amérique
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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