12 septembre 2019
RÉSUMÉ SUCCINCT
Des stripteaseuses se lient d’amitié et décident de conjuguer leurs talents pour arnaquer et prendre leur revanche sur leurs riches clients de Wall Street. Leur plan fonctionne à merveille, mais argent et vie facile les poussent à prendre de plus en plus de risques.
À 50 piges, elle conserve toujours un corps sculptural qui détourne les regards des jeunes loups et des vétérans d’un Wall Street d’avant le krach financier de 2008. Jennifer Lopez (Ramona) assume une virilité féminine assurée, tout en préservant une humanité resplendissante, un savoir-faire assuré, un sens de l’amitié, comme chez la plupart des humains, prise entre la franchise authentique et, inconsciemment, un intérêt qu’on aura l’occasion d’utiliser quand l’occasion se présente ou l’exige.
Et derrière la caméra, une cinéaste qui a décidé, en se basant sur un article paru dans le New York Magazine, The Hustlers at Scores, écrit par Jessica Pressler, de raconter la femme.
Après le tiède Seeking a Friend for the End of the World (2012) et The Meddler (2015) un peu mieux accueilli, Lorene Scafaria, depuis toujours intéressée par l’écriture, adapte une nouvelle avec un doigté extraordinaire dont le sens de la narration est en soi-même le véritable centre d’intérêt.
Mais Hustlers est aussi, et sans doute particulièrement, un film politique. Comme dans les affaires, comme dans l’exercice de l’état. Tout est à vendre ou à attraper avant que quelqu’un d’autre ne le fasse : le pouvoir qu’on essaie de saisir, parfois de justesse, souvent en trichant, les femmes faciles (mais pas toujours) en payant, les rivaux qu’on élimine… Scafaria suit la stratégie de Ramona, un chasseresse grecque qui carbure au profit et souvent improvise comme s’il s’agissait d’un art en soi. Il n’y a plus de dominants et de dominés, d’actifs et de passifs. En fait, la femme contrôle la situation; l’homme totalement dépendant de l’alcool, de la drogue facile et de ses pulsions biologiques est prêt à succomber. Occasions idéales pour monter une affaire qui rapporte de l’or en barres.
Avouons que Hustlers est un film mainstream, mais un très beau film grand public. On parle un langage ordurier, mais c’est le cas dans les milieux représentés, on se bat pour réussir au plus vite. Et lorsque l’écrasement financier se présente du jour au lendemain, il faut créer des méthodes de survie au plus vite.
Dans le domaine du cinéma populaire, une magnifique proposition qui donne à réfléchir même si, et c’est bien comme ça, une étrange tristesse et une mélancolie soutenue traversent la fiction à quelques reprises, parfois bouleversantes. Soulignons la très belle performance de Constance Wu / Destiny, remarquée dans Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu. Habilement suggestif et glamoureusement coloré.
C’est avec un regard politique, social et féminin (non pas féministe) qu’il faut voir Hustlers, titre on ne peut plus provocateur, mais qui, paradoxalement, dénonce, approuve, met les points sur les i avec un raisonnement étonnant et, mine de rien, ne se sert pas de ces stripteaseuses comme des objets du désir, mais au contraire, comme des amazones de leur affranchissement dans la société des Humains.
Dans le domaine du cinéma populaire, une magnifique proposition qui donne à réfléchir même si, et c’est bien comme ça, une étrange tristesse et une mélancolie soutenue traversent la fiction à quelques reprises, parfois bouleversantes. Soulignons la très belle performance de Constance Wu / Destiny, remarquée dans Crazy Rich Asians (2018), de Jon M. Chu. Habilement suggestif et glamoureusement coloré
F I C H E
TECHNIQUE
Sortie
Vendredi 13 septembre 2019
Réal.
Lorene Scafaria
Genre(s)
Drame
Origine(s)
États-Unis
Année : 2019 – Durée : 1 h 50
Langue(s)
V.o. : anglais / Version française
Arnaque en talons
Dist. @
Entract Films
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Érotisme / Langage vulgaire ]
En salle(s) @
Cineplex
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
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