2 février 2012
LA BALLADE DE L’IMPOSSIBLE
(Norwegian Wood / Noruwei no mori)
DRAME SENTIMENTAL | Origine : Japon – Année : 2010 – Durée : 134 minutes – Réal. : Ahn Hung Tran – Int. : Rinko Kikuchi, Kenichi Matsuyama, Kiko Mizukara – Dist. : Métropole | Horaires / Versions / Classement : AMC – Excentris
Résumé
Un garçon dont le meilleur ami s’est suicidé tente de sauver l’ancienne amie de celui-ci, qui n’arrive pas à émerger seule du drame. Il se voue à l’aider jusqu’à la dernière extrémité.
En quelques mots
Anh Hung Tran donne la mesure de sa sensibilité en refusant de suivre Murakami dans ses méandres. Plutôt que de suivre la trame du roman de 446 pages à la lettre, il choisit de se concentrer sur la relation entre Watanabe et ses amours parallèles. Plutôt que de chercher à dépeindre le milieu étudiant des années 60 au Japon, il choisit de montrer les personnages dans ce qu’ils ont d’intemporel et d’universel. Plutôt que narrer une suite d’actions, il se penche sur les liens qui se tissent entre des êtres emprisonnés dans d’épaisses carapaces de non-dit. Plutôt que de narrer les histoires des six personnages principaux personnages, il choisit d’en faire comprendre l’essence. Ce que le cinéaste, finement, nous révèle, c’est que tous ces jeunes, sous leurs dehors de libération sexuelle, ne cherchent que l’amour. Le film transporte ses personnages dans divers types d’environnements, lesquels portent tous des charges émotives qui leur sont propres. D’abord vus au sein de lieux naturels d’un vert luxuriant, Naoko et Watanabe seront lentement amenés dans des paysages de neige, le blanc représentant le deuil en Asie. L’eau, omniprésente, s’y retrouve sous toutes ses formes: piscine, pluie, neige, marais, rivière, océan. On peut y voir le mouvement de la vie qui entraîne le baigneur au large mais peut aussi le ramener sur la grève, en autant que ce dernier trouve la force de nager. >> Anne-Christine Loranger
ALBERT NOBBS
DRAME SOCIAL | Origine : Grande-Bretagne / Irlande – Année : 2011 – Durée : 113 minutes – Réal. : Rodrigo Garcia –– Int. : Glenn Close, Pauline Collins, Aaron Johnson, Mia Wasikowska – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
Au XIXe siècle, dans une Irlande marquée par les différentes couches sociales, une femme doit se déguiser en homme afin de survivre aux difficultés de la vie.
En quelques mots
Avec Albert Nobbs, adaptation de l’œuvre de George Moore, Rodrigo Garcia, à qui l’on doit, entre autres, Mother and Child (2009), semble avoir oublié sa mise en scène pour essentiellement faire plaisir à Glenn Close, depuis longtemps dévouée à ce projet. Si le résultat ne s’avère pas concluant, c’est en majeure partie à cause d’une mise en situation proche des conventions théâtrales. Nous sommes devant une femme qui, pour assurer sa survie, se travestit en homme et travaille comme valet dans un hôtel fréquenté par la bourgeoisie. Mais dans l’Irlande du XIXe siècle, il est difficile de croire que ceux entourant cet être énigmatique ne se soient pas rendus compte de sa duperie. En outre, l’histoire d’amour impossible entre le personnage principal et une des domestiques de l’établissement hôtelier ne revêt qu’une infime partie du film. Comme d’habitude, Glenn Close montre avec assurance son grand talent, mais c’est dans le rôle de Hubert que Janet McTeer s’avère remarquable de justesse et de cran. >> Élie Castiel
BIG MIRACLE
(Le Grand Miracle)
AVENTURES | Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2012 – Durée : 107 minutes – Réal. : Ken Kwapis – Int. : Drew Barrymore, Kristen Bell, Ted Danson, John Krasinski, Dermot Mulroney, Vinessa Shaw – Dist. : Universal | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
En octobre 1988, trois baleines se retrouvent prisonnières des glaces, en Alaska. Devant les médias, et malgré leurs différends, les Inuits, des écologistes, des prospecteurs pétroliers et des militaires unissent leurs efforts pour les libérer.
En quelques mots
SANS COMMENTAIRES.
CHRONICLE
(Chronique)
DOCU-SCIENCE-FICTION | Origine : États-Unis / Grande-Bretagne – Année : 2012 – Durée : 84 minutes – Réal. : Joshua Trank – Int. : Dan Deehan, Ashley Hinshaw, Michael Jordan, Michael Kelly, Alex Russell – Dist. : Fox | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
Après avoir été en contact avec une entité inconnue, trois étudiants se découvrent en possession de puissants pouvoirs de télékinésie.
En quelques mots
Les inconditionnels de Fantasia, volet international, seront choyés par cet hommage jubilatoire et parfois excessif au célèbre Blair Witch Project (1999) et encore plus au très beau Cloverfield (2008). C’est efficace, excitant, même si pas toujours percutant. Le jeune réalisateur alterne entre la parodie et le sérieux, ne résiste pas aux conventions du genre et dirige ses acteurs comme s’il s’agissait d’un projet étudiant fait entre amis, le temps d’un week-end. Par ailleurs, le trio de comédiens semble s’en donner à cœur joie, sans compter qu’en guise de conclusion, Trank propose une finale époustouflante. Tout compte fait, une carte de visite prometteuse. >> Élie Castiel
ÉPOPÉE – L’ART DU MOMENT
DOCUDRAME / ESSAI | Origine : Canada [Québec] – Année : 2011 – Durée : 95 minutes – Réal. : Rodrigue Jean – Avec : Danny Brown, Daniel Duhamel, Marie-Josée Brisson, Patrick Lavergne, Mélody, Papy, Paul– Dist. : Filmoption | Horaires / Versions / Classement : Excentris
Résumé
Composé de 24 fictions et de 10 trajets, le film-thèse de Rodrigue Jean revendique et remet en question le pouvoir du cinéma en jetant un regard à la fois structurel, politique et social.
En quelques mots
Rodrigue Jean a décidé de continuer avec entre autres des personnes participant à Hommes à louer des ateliers d’écriture et d’autres projets documentaires qui ont donné Épopée avec des vidéos trajets ou fictions diffusés sur son site epopee.me. Sur cette démarche, Séquences, dans son numéro 275 (pp. 18-21), a publié une étude de Jean-Philippe Desrochers. Le film présenté en ce moment reprend certaines de ces fictions montrant de diverses manières la vie de laissés-pour-compte du Centre-Sud de Montréal qui tentent de diverses manières de subvenir à leurs besoins. Le traitement visuel est aussi varié et montre par exemple le parcours quotidien d’un homme qui récupère divers objets pour les vendre. Dans un autre segment, un homme danse puis dit de manière émouvante le poème La Mort des pauvres de Baudelaire. C’est à une vision crue mais empathique de la vie de ces exclus que cette œuvre nous invite, vision dans laquelle on sent en filigrane un rappel de l’enfance blessée. >> Luc Chaput
LA FILLE DU PUISATIER
DRAME | Origine : France – Année : 2011 – Durée : 109 minutes – Réal. : Daniel Auteuil – Int. : Daniel Auteuil, Astrid Bergès-Frisbey, Kad Merad, Sabine Azéma, Jean-Pierre Darroussin, Nicolas Duvauchelle – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : Cinéma Beaubien – Cineplex Divertissement
Résumé
En 1939, la fille d’un puisatier provençal devient enceinte d’un jeune aviateur issu d’une riche famille. Quand celui-ci part à la guerre, ses parents refusent de reconnaître l’enfant.
En quelques mots
Marcel Pagnol éprouvait une véritable fascination pour les histoires de filles candides séduites par de beaux gosses, au grand dam d’un simplet timoré qui la convoitait plus ou moins en silence. Ce thème, avec des variantes, se retrouve dans Angèle, la trilogie formée de Marius, Fanny et César, La Femme du boulanger, Manon des Sources, et aussi dans cette nouvelle mouture de La Fille du puisatier que nous propose aujourd’hui l’acteur Daniel Auteuil pour sa première réalisation. Nouvelle ? La chose est relative, dans la mesure où l’œuvre reste plutôt fidèle au film original, sorti en 1940. Toutefois le clivage entre l’original et le remake nous semble moins accusé que dans le cas de Manon des Sources, dont la version signée Claude Berri, en 1985, était nettement plus dramatique que le film réalisé par Pagnol en 1954. Quoi qu’il en soit, avec le temps, l’aspect parfois caricatural de Pagnol, cette tendance vers la galéjade, s’est estompé au profit du réalisme. Outre la mise en scène, Auteuil s’est donné la tâche difficile de reprendre le rôle de Pascal, le puisatier, créé à l’époque par le grand Raimu. Il s’en tire honorablement, ainsi que Kad Merad campant le naïf Felipe, qui parvient à nous faire oublier Fernandel, défi pas davantage évident. Le reste de la distribution est honnête, mais il faut dire que les autres personnages sont moins développés. La Fille du puisatier vaut certes le détour, mais plus pour l’univers toujours attachant de Pagnol que pour sa réalisation somme toute sans surprise. >> Denis Desjardins
PINK RIBBONS, INC.
(L’Industrie du ruban rose)
DOCUMENTAIRE | Origine : Canada – Année : 2011 – Durée : 98 minutes – Réal. : Léa Pool – Avec : Judy Brady, Barbara Brenner, Carol Cone, Samantha King, Barbara Ehrenreich, Maricela Ochoa – Dist. : Office national du film | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
Le petit ruban rose, symbole de la lutte au cancer du sein, sert-il vraiment cette cause? Cette question est à la base du documentaire de Léa Pool sur les collectes de fonds commanditées à travers la planète et sur l’usage réel de ces fonds.
En quelques mots
Le film captive l’attention du début à la fin. Le montage presque métrique amalgame les entrevues, les événements et les animations avec finesse, sans aucun recours à la narration. La caméra mobile en reportage est vivante, présente et sensible. La musique discrète intervient aux bons endroits, accentuant le sentiment de désolation qui atteint le spectateur. Mais ce qui fascine le plus dans le film de Léa Pool, c’est le contraste entre l’illustration du marketing social démesuré et le facteur humain que la cinéaste a su saisir. Derrière cette « tyrannie du bonheur », comme dit Samantha King, il y a des femmes qui continuent à espérer, à pleurer leur propre sort ou la perte d’une proche, à mourir. Pink Ribbons, Inc. Demeure essentiel à la compréhension et à la démystification de ce phénomène mercantile qui finit par desservir la cause première de la lutte, que les femmes guérissent de ce cancer. Ce film nous permet de suivre le conseil du Breast Cancer Action avant de commettre un achat rose: « Think before you pink ! » >> Patricia Robin
THE WOMAN IN BLACK
(La Dame en noir)
SUSPENSE D’ÉPOUVANTE | Origine : Grande-Bretagne / Canada / Suède – Année : 2011 – Durée : 100 minutes – Réal. : James Watkins – Int. : Daniel Radcliffe, Janet McTeer, Ciaran Hinds, Sophie Stuckey, Jessica Raine, Roger Allam – Dist. : Alliance | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement
Résumé
Un jeune notaire londonien se rend dans l’arrière-pays pour régler la succession d’une cliente défunte qui possédait un manoir. Les lieux sont lugubres, et plusieurs familles du village pleurent la disparition d’enfants.
En quelques mots
Après Eden Lake (2008), James Watkins poursuit avec le film d’épouvante. En adaptant le roman victorien de Susan Hill, il rend un hommage particulier à certains films d’horreur des années 60 produits par la Hammer. Fidèle aus codes narratifs de cette maison de production britannique, la mise en scène est faite de silences angoissants, d’effets davantage suggestifs que démonstratifs et d’ambiances étouffantes (clins d’œil évidents au cinéma des faux-semblants de Mario Bava). En proposant un dénouement en opposition à l’attente des spectateurs, le réalisateur assume habilement un choix risqué. Héros de la célèbre saga Harry Potter, Daniel Radcliffe offre ici une interprétation plus que satisfaisante. >> Élie Castiel
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