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Semaine du 6 au 12 avril 2012

6 avril 2012

LE FILM DE LA SEMAINE …

BESTIAIRE
DOCUMENTAIRE | Origine : Canada [Québec] – Année : 2012 – Durée : 72 minutes  – Réal. : Denis Côté – Dist. : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Cinéma Beaubien – Excentris

Résumé
Au rythme des saisons, exploration de la faune animale à l’intérieur d’un zoo. Petit à petit, on constate que ces animaux vivent dans un environnement étranger à leur habitat naturel.

En quelques mots
Si Bestiaire évoque par moments La Vie moderne de Depardon et Grizzly Man de Herzog, c’est le ton documentaire en moins. S’il rappelle à la mémoire quelques séquences d’Oncle Boonmee, il limite au maximum le recours à la parole, au contraire de l’œuvre de Weerasethakul. Bestiaire n’est pas de ces films qui dévoilent au grand jour leurs intentions. Sa signification paraît des plus indécises. Loin de prendre position dans un débat circonscrit, il ne fait que timidement signe vers une éthique animale. À la rigueur, même, Bestiaire semble reposer de bout en bout sur la plurivocité. De nombreuses voix s’y côtoient en effet, tour à tour ou simultanément. Celle d’animaux de safari en particulier, d’abord, qui observent, mangent, se meuvent à des vitesses et avec des entrains singuliers; celle des bêtes en général ensuite, dont le silence phonémique cache une forme de langage, plus inventive parfois que le babil humain; celle d’un cinéaste québécois nuancé, enfin, qui resserre ici son étude de l’ambiguïté autour d’un sujet précis, l’animal. >> Pierre-Alexandre Fradet

AUTRES SORTIES EN SALLE …

AMERICAN REUNION
(Folies de graduation : La réunion)

COMÉDIE | Origine : États-Unis – Année : 2012 – Durée : 113 minutes  – Réal. : Jon Hurwitz, Hayden Schlossberg – Int. : Jason Biggs, Eugene Levy, Alyson Hannigan, Tara Reid, Mena Suvari, Eddie Kaye Thomas, Thomas Ian Nicholas, Chris Klein – Dist. : Universal | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement

Résumé
Quinze ans après la remise de leurs diplômes, quatre confrères de collège se rendent à la réunion des anciens de leur classe. Ils y retrouvent un vieux copain, toujours obsédé par le sexe
.

En quelques mots
Pour sentir le pouls qui anime les spectateurs, il est indispensable de voir les films en salle, loin des projections de presse où les critiques, le plus souvent, n’expriment pas de réaction. Toujours est-il que dans le cas de cette troisième partie de la série American Pie (American Pie / 1999 et American Pie 2 / 2001) la salle, pleine à craquer, se pâmer dans le délire. Avouons que nous nous sommes amusés devant l’humour, encore plus salace, les vulgarités, aussi intempestives, et les recours à la scatologie, de plus en plus courants dans la comédie américaine grand-public. Les allusions à l’homosexualité commencent par la caricature éculée pour ensuite se vouloir (faussement) progressistes. La misogynie règne toujours, triomphante, montrant un recul quant aux valeurs réelles de la société d’aujourd’hui. Mais si l’on en juge par l’avant-première, les spectateurs sont prêts à accepter toutes ces imperfections puisqu’avant tout, c’est l’esprit rebelle, agent provocateur et intentionnellement iconoclaste des auteurs qui les épate. Parions que dans quelque temps, American Reunion sera un film oublié pour la simple raison qu’il sera détrôné par un autre produit de consommation. >> Élie Castiel

BANAT EL 3AM
(Banat el Am / Security Girls)

COMÉDIE FANTAISISTE | Origine : Égypte – Année : 2012 – Durée : 93 minutes  – Réal. : Ahmed Samir  – Int. : Ahmed Fahmi, Hesham Maged, Sheko, Salah Al Abdullah, Yosra Al Lozi, Aylen Amer – Dist. : Cinéma Cosmopolitan | Horaires / Versions / Classement : Méga-Plex Sphèretech 14

Résumé
Trois cousines ayant hérité d’une maison ensorcelée réussissent à la revendre à d’anciens propriétaires. Aussitôt la transaction conclue, les trois jeunes femmes se retrouvent instantanément prisonnières de corps masculins.

En quelques mots
SANS COMMENTAIRES.

CARNETS D’UN GRAND DÉTOUR
DOCUMENTAIRE | Origine : Canada [Québec] – Année : 2011 – Durée : 91 minutes  – Réal. : Catherine Hébert – Dist. : Les Films du 3 mars | Horaires / Versions / Classement : Excentris

Résumé
Dans ce road-movie, la réalisatrice suit le parcours de Marc Roger, griot blanc né en Afrique, dans un voyage à travers le continent africain. Au hasard du chemin, les rencontres se mutiplient et nourissent l’inconscient des deux voyageurs.

En quelques mots
Tracé à première vue sur une trajectoire individuelle, Carnets d’un grand détour ne renonce jamais pour autant à l’Autre, quel qu’il soit. Générosité et sensibilité imprègnent le film de bout en bout. Ainsi, de par sa présence naturelle, de par sa parole, qu’elle soit désabusée ou éclairée, cet Autre, cet « homme d’ailleurs », alimente continuellement la matière du film, faisant entrer en résonnance l’itinéraire de Marc avec le sien, celui de la collectivité. Se laissent alors entendre des témoignages d’une vérité brute, candides, drôles, douloureux, lucides… Il reste simplement à Hébert à les écouter, discrètement, courageusement et avec une confondante tendresse. Son histoire se greffe à la leur, même si ce n’est que le temps d’un détour. >> Sami Gnaba

THE FORGIVENESS OF BLOOD
(Falja e gjakut)

DRAME | Origine : État-Unis / Albanie / Danemark / Italie – Année : 2010 – Durée : 109 minutes  – Réal. : Joshua Marston – Int. : Refet Abrazi, Tristan Halilaj, Sindi Lacej, Ilire Vinca Celaj –  Dist. : Métropole  | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Une adolescente de 15 ans, Rudina, rêve d’aller à l’université. Mais lorsque son père est accusé de meurtre, la famille est prise dans l’engrenage d’une vendetta ou sera impliqué son frère.

En quelques mots
L’erreur de Marston dans ce film est d’avoir si bien filmé une famille albanaise dans son quotidien que les concepts culturels de Kanun et de BESA (liberté surveillée de certains membres de la famille comme les très jeunes enfants et les femmes)  sont pris pour acquis, alors qu’ils ne le sont pas nécessairement pour le spectateur. La frustration de Nik et son impuissance face à son emprisonnement sont intelligemment opposés à l’angoisse de Rudina qui, forcée de quitter ses études pour livrer le pain, doit tous les jours rencontrer les membres agressifs de la famille du voisin assassiné. Si le personnage de la mère reste un peu trop en retrait, la force et l’énergie du père, son incapacité à risquer la prison et la perte que représente son absence, sont bien rendus. >> Anne-Christine Loranger

HOUSEFULL 2
COMÉDIE SENTIMENTALE | Origine : Inde – Année : 2012 – Durée : 145 minutes  – Réal. : Sajid Khan – Int. : Akshay Kumar, Shreyas Talpade, John Abraham, Asin, Jacqueline Fernandez, Ritesh Deshmukh, Boman Irani –  Dist. : A-Z Films  | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
Les jeunes gens de plusieurs familles riches tentent de trouver le moyen de contrer les projets de leurs parents qui veulent absolument les marier contre leur gré
.

En quelques mots
Bien que les ingrédients propices à la comédie bollywoodienne se retrouvent ici (message moral, hommage à la famille, situations farfelues, chants, danses), Housefull 2 demeure un film charmant, accumulant quiproquos  et ambiguïtés avec franchise et douce pugnacité, des dialogues savoureux et un savoir-faire indéniable de la part d’un réalisateur qui semble s’être inspiré d’un certain type de comédie occidentale. Au charisme circonstanciel de Akshay Kumar et à la présence physique indéniable de John Abraham s’ajoute la beauté sculpturale d’une pléiade de vedettes féminines triées sur le volet. Le toujours efficace et polyvalent Boman Irani fait son tour de force et bien entendu, on ne peut passer sous silence les chorégraphies inspirées de l’imbattable Farah Khan. En fin de compte, même si on oublie vite, on passe tout de même un bon moment. >> Élie Castiel

THE MOTH DIARIES
DRAME D’ÉPOUVANTE | Origine : Canada / Irlande – Année : 2011 – Durée : 82 minutes  – Réal. : Mary Harron – Int. : Scott Speedman, Sarah Bolger, Lily Cole, Sarah Gadon, Anne-Day Jones, Valérie Tian –  Dist. : Alliance  | Horaires / Versions / Classement : AMC

Résumé
En pensionnat dans une école privée, une adolescente soupçonne que sa voisine de chambre est un vampire.

En quelques mots
En dépit de quelques plans inspirés qui rappellent ceux de Carrie et de Shining, Moth Diaries évoque la mauvaise sitcom – unidimensionnelle et vide comme un gouffre. Là où l’ambiguïté et le mystère auraient dû planer, tout se livre au premier regard. La question centrale du récit est trop simple (Ernessa est-elle un vampire, une stryge ?) et l’enquête qui s’ensuit se révèle trop linéaire. Aussi l’œuvre de Harron abuse-t-elle d’indices patents. Moth Diaries ne fait qu’en réactualiser les clichés. La fascination pour le monde vampirique est immense aujourd’hui. Il faut croire cependant que l’attrait du blockbuster peut l’être tout autant. Mais bien rares sont ceux qui succombent à la tentation sans renoncer à une part de leur âme. >> Julie Demers

NO ET MOI
DRAME SOCIAL | Origine : France – Année : 2010 – Durée : 105 minutes  – Réal. : Zabou Breitman – Int. : Julie-Marie Parmentier, Nina Rodriguez, Antonin Chalon, Bernard Campan, Zabou Breitman, Grégoire Bonnet –  Dist. : Axia  | Horaires / Versions / Classement : Cinéma Beaubien

Résumé
Lou, 13 ans, doit faire un exposé sur une jeune femme sans abri. Elle en a vu une à la Gare d’Austerlitz. Elle s’appelle No et se débrouille comme elle peut, mais elle s’endort sur la table du café lorsque Lou décide de l’interviewer. Et pourtant, elle vont devenir de véritables amies.

En quelques mots
Quatrième long-métrage réalisé par la comédienne Zabou Breitman, No et moi confirme son talent particulier pour traiter de situations conflictuelles peu banales. Perte du souvenir dans Se souvenir des belles choses, perte de repères identitaires dans L’Homme de sa vie, instabilité émotionnelle dans Je l’aimais ; dérive, fragilité et désarroi dans No et moi. La réussite de ce film tient, bien sûr, à l’opposition classique de deux personnages qui-n’auraient-jamais-dû-se-rencontrer. Mais aussi à une mise en scène inventive et inspirée. Si les jeunes acteurs Nina Rodriguez et Antoine Chalon (fils de Zabou et petit-fils de Jean-Claude Deret, créateur de Thierry la Fronde) sont très à l’aise, soulignons l’interprétation exceptionnelle de Julie-Marie Parmentier, qui campe la sans-abri. Le spectateur qui ne la connaît pas pourrait croire qu’il s’agit d’une véritable itinérante tant son jeu est d’un naturel stupéfiant (elle est d’ailleurs entourée d’authentiques SDF recrutés par Breitman). Or, Parmentier joue depuis une quinzaine d’années ; on l’a vue notamment dans Les Blessures assassines avec Sylvie Testud. Elle est même pensionnaire de la Comédie-Française. >> Denis Desjardins

THE RAID: REDEMPTION
(Le Raid : Rédemption / Serbuan maut)

ACTION | Origine : États-Unis / Indonésie – Année : 2011 – Durée : 101 minutes  – Réal. : Gareth Huw Evans – Int. : Doni Alamsyah, Joe Taslim, Iko Uwais –  Dist. : Alliance | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement

Résumé
Un groupe d’intervention tactique de la police de Jakarta attaque un immeuble où se cachent un baron de la drogue et ses nombreux acolytes. Au cours de l’opération, personne n’est épargné et les tueries font rage jusqu’à l’hécatombe.

En quelques mots
The Raid: Redemption est sans contredit le film d’action le plus jouissif, impressionnant et inventif depuis des lustres. Des films d’arts martiaux de cette ampleur, il s’en fait un par décennie (Ong Bak étant la révélation des années 2000, alors que Drunken Master II se révèle l’apothéose du genre dans les années 1990). D’une violence inouïe (les âmes sensibles sont priées de s’abstenir, car en terme de carnage, ce film fait des ravages), les amateurs de cinéma d’action et d’arts martiaux seront frappés de stupéfaction avec ce film viscéral en diable. Malgré un budget très restreint (à peine un million de dollars), Gareth Huw Evans filme avec une économie appliquée. Avec une fluidité parfaite, il fait preuve d’une maîtrise ahurissante dans l’utilisation de l’espace, en l’occurrence un espace simple et minimaliste. Le film montre par ailleurs plusieurs séquences de combats parmi les meilleures de l’Histoire du cinéma d’action moderne. >> Pascal Grenier

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