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Faust

20 mai 2012

ET SATAN CONDUIT LE BAL

>> Élie Castiel

Lassé d’une vie stérile, le docteur Faust s’apprête à se suicider lorsque le diable, alias Méphisto, lui propose de retrouver la jeunesse et ses plaisirs en échange de son âme. Pour le convaincre, il lui offre la vision de Marguerite, pure jeune fille qui sera bientôt sienne. Faust signe le pacte avec le diable et se retrouve entraîné dans une spirale de plaisirs, de blasphèmes et de crimes, mais où la présence de Marguerite occupe la place centrale. Finalement abandonnée, elle tue l’enfant né de cette union néfaste, mais échappe à la damnation grâce à ses ardentes prières.

II fallait un certain courage pour  clore la saison avec un opéra aussi tacitement unidimensionnel, le récit tournant autour de la quête existentielle du Dr. Faust, personnage goethien par excellence, fondé sur un sujet emblématique du romantisme allemand. Il est question de vanité, d’égocentrisme, de désir, d’amour aussi, de questions métaphysiques sur l’être et le destin.

Avec ce matériau en main, l’Opéra de Montréal propose une œuvre singulière qui nécessite la totale concentration du spectateur. C’est surtout dans la mise en scène que se déploient les véritables intentions d’Alain Gauthier, totalement en contrôle de l’espace scénique. Pour la circonstance, dès le départ, le décor simple d’une immense bibliothèque en carton-pâte mobile et interchangeable donne le ton. Selon les actes (situations), l’univers intellectuel de Faust se confond ainsi avec ses désirs et ses aspirations, apportant au récit un côté dramatique d’une force irrésistible. Une curiosité : l’importance accordée au personnage de Faust/vieux, parti pris intéressant qui place le personnage de Faust dans sa dynamique binaire et complexe, en quelque sorte confrontant sa quête de la jeunesse éternelle aux appels inconscients de la spiritualité.

Mais si l’on en juge par le soir de « première », la direction d’acteurs paraît un peu trop statique. Nous ne sommes pas toujours à l’aise avec les déplacements, les face-à-face, les correspondances et les champs/contre-champs. Nous avons l’impression que les chanteurs jouent pour eux-mêmes.  Nous devons cependant souligner la présence et la force de leurs voix, superbement incorporées aux accents mélodiques de l’ensemble des musiciens de  l’Orchestre métropolitain, mené de main de maître par Emmanuel Plasson totalement inspiré.

DRAME en cinq actes | Compositeur : Charles Gounod – Livret : Jules Barbier, Michel Carré, d’après la pièce Faust et Marguerite, de Michel Carré – Chanteurs principaux : Guy Bélanger (Faust vieux), Antoine Bélanger (Faust jeune), Mary Dunleavy (Marguerite), Alexander Vinogradov (Méphistophélès) Étienne Dupuis (Valentin) – Direction musicale : Emmanuel Plasson – Orchestre symphonique de Montréal / Chœur de l’Opéra de Montréal – Mise en scène : Alain Gauthier – Décors : Olivier Landreville – Costumes : Dominique Guindon – Éclairages : Martin Labrecque – Durée : 3 h (incluant 2 entractes) | Prochaines représentations : 22, 24 et 26 mai 2012, à 19 h 30 – Place-des-Arts (Salle Wilfrid-Pelletier).

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