31 août 2012
DRAME | Origine : Russie – Année : 2011 – Durée : 1 h 49 – Réal. : Andrey Zvyagintsev – Int.: Nadezha Markina, Andrey Smirnov, Elena Lyadova, Alexey Rozin, Evgenia Konushkina, Vasiliy Michkiv, Alexey Maslodudov – Dist. / Contact : FunFilm | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Excentris
Résumé
Elena, ex-infirmière, vit avec Vladimir, un homme riche qu’elle vient d’épouser. Chacun d’eux a un enfant d’une première relation. Lorsque Vladimir subit un infarctus, il refait son testament en faveur de sa fille. Elena ne pourra plus aider son fils, père de famille au chômage.
En quelques mots
★★★★
Il y a, dans Elena, un pessimisme qui explique la situation actuelle de la nouvelle Russie, sortie depuis de nombreuses années du carcan soviétique pour s’engouffrer dans un capitalisme sauvage dont les conséquences sociales ont transformé l’individu. Elena, le personnage principal, est le produit de ce changement, cette mutation qui a fait du noyau familial un organisme où finance et sentiments se côtoient sans cesse. D’une grande valeur esthétique malgré sa simplicité narrative, le très beau film d’Andrey Zviaguintsev se perçoit comme un portrait familial dont le drame intime se confond avec la réalité sociale, économique et politique d’un pays où l’ambiguïté des rapports humains se conjugue avec appât immédiat du gain, égoïsme, amour filial, survie, culpabilité, rachat et pardon. Le film s’ouvre et se conclut sur une même image, un oiseau sur une branche devant la baie vitrée d’un immeuble, représentation on ne peut plus claire de la métaphore de l’enfermement et de la liberté, du risque et de l’affrontement. Mais la nouvelle Russie n’a bénéficié qu’aux riches, aux plus nantis. Les autres se débrouillent comme ils peuvent, soit par des combines ou par les tours du hasard. Et ils vivent dans des immeubles délabrés, se permettent tout de même les nouveaux moyens de communication, et chose bizarre, leur télé reste toujours allumée. À partir de ces images contemporaines, la proposition d’un cinéaste se transforme en un drame humain, une puissante allégorie politique. C’est ainsi qu’on peut percevoir le geste commis par Elena, acte irréversible qui représente la tendance d’une nouvelle forme de société universelle dont la devise est la survie économique. Sur ce point Elena est un film politiquement engagé, dressant le portrait d’un monde actuel aveuglé par les lois du profit immédiat, caractéristique qui se manifeste au-delà du domaine public. Désormais, si l’on en croit le cinéaste, et nous aurions raison de le croire, la société occidentale traverse une crise de valeurs issue des effondrements financiers. Et pour rendre cette fable plausible, une actrice exceptionnelle dans un rôle magnifique qui lui donne l’occassion de manifester une myriade de sentiments. C’est Nadezha Markina, d’un naturel digne, rebelle, risqué, s’ouvrant à la vie comme si chaque jour était un combat pour la survie. À cheval sur l’Asie du Nord et l’Europe, la Russie d’aujourd’hui reste ouverte à tous les possibles. Reste à savoir où cela la mènera. >> Élie Castiel
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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